#BOOST | Aphantasia chez les Haïkus


Antérieurement

#00

#01

#02

#03

#04

#05

#06

#06

au couteau miroir

jusqu’a se défigurer 

tuer le reflet

#05

la somme des cris

impuissante à unir

étrangle ma voix

#04

pas —

ni /

mais |

#03

de tout au début 

puis la parole venue

de tout désormais


#02

porte silence

ni ouvre, ni ne mène

huis clos des bouches


#01

Gaïa éventrée

de toutes les corruptions 

après nous vivra

ST2

l’océan terre

des fleuves couleur de bois

rives mangroves

ST3

signes cinabre

traces et corps toxiques

de l’écriture

ST4

fin d’incognita 

Qui terre a, guerre a

horreur de terrir


#00

blocs erratiques

fourrés de sapins rampants

chaos de rhyolites

épave rouillée

Antérieurement

A,E,I,O,U


l’arracheur des murs

des affiches lacérées

arrache le sens


Brumes d’octobre entourent les murs veillant sur la mer. Entre ses deux sœurs voisines, gardienne du feu des alertes. Seul refuge à présent de celles et ceux qui ensemble peuvent être.

pierres en cercle

vestiges de vieilles peurs

lieu de mémoires 

Elle a de plus en plus de mal à parler. Bientôt elle ne pourra même plus se nourrir.

Elle montre la place des plantes. Elle dit là le Pittosporum. Ici cette autre. Elle sait la terre, les vents, les fleurs et les fruits.

Il cuisine comme il navigue, par gestes assurés. Attentif à tout, silencieux, généreux.

Rimbaud, Baudelaire, il compose, s’accompagne à sa guitare, interprète de sa voix fragile.

Elle lit, relit, annote, corrige. Puis soudain décide de tout réécrire.

Elle pique, un par un, avec patience, méticuleusement, les clous de girofle dans l’orange amère.

tour des miracles

réunis en ce jour là

fantômes présents



ni abandon ni jachère

une fois l’humain effacé

la terre maîtresse ouvrière


subtil poison

libre à ciel ouvert

amiante fière


ancienne folie

demeure à demeure

le mur fissuré


pluie de larmes

baisers secrets à ta joue

la paix retrouvée


ni feu ni flamme

sevrage tabagique

nicotiniquer


au-delà de l’eau

le lit à sec désormais

l’euprocte n’est plus


les mains qui creusent

l’eau secret du fond de soi

recherche sans fin


à fragment fendre

singulière mousse roule

dureté du cœur


entre quatre murs

enfermé en lui-même

il est sa prison


de l’ombre soudain

coup porté fatal, létal

indices absents


Vide, l’étang n’est plus

La grenouille sans vie

Sécheresse des silences


absent sans reflet

scriptures à la ligne

auteur d’écrits vains



vigie dépassée 

inéluctable certain

cercle de pierres

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) N 42° 46' 0.12'' E 9° 26' 59.999’’ Voir son blog : scriptor.

21 commentaires à propos de “#BOOST | Aphantasia chez les Haïkus”

  1. ils résonnent, ils se parlent ces Haïkus ensemble ( faut-il les séparer par cette belle tache qui a des yeux? ) et chacun comme un caillou , c’est incroyable les chemins qui se dessinent … les murs la terre la guerre la fin et pourtant aussi la paix retrouvée : « n’être qu’un seul cri « 

    • Merci Nathalie de vos passages et retours.Je ne sais pas si ces cailloux résonnent. Leur amas n’est peut être qu’une façon de tuer le temps, de supporter l’étant. Quoiqu’il en soit, vous avez tout à fait raison sur la boule qui a des yeux. Dès que je trouve le moyen de supprimer l’encadrement de l’image, je vais tenter une petite virgule plus subtile et moins présente.

  2. « de tout au début

    puis la parole venue

    de tout désormais » Dire plus avec moins , on ne fatigue pas ses yeux à lire mais ces haï-caillou blagueur ou pas, attrapés au vol , font plus d’un tour dans nos poches. . Rire d’abord puis moins puis pas tout à fait . Cheminer avec « La parole venue » et c’est soudain un long Chemin … merci Ugo

  3. La sorcière de Blanche neige voilà la première image qui m’est venue devant ton 06; le miroir qui renvoie la vérité et l’insupportable. Mais ce n’est pas la seule référence bien entendu c’est juste la première qui a surgi. Merci pour ta poésie Hugo, bonne journée.

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