Les mots sortent froids, glaçants, vrais, chaque lettre fissure l’autre dans sa chair, tranche, découpe en fines lamelles son corps, va t’il se séparer sur ses tranchées ? Je ne peux plus dire, je me tais, j’attends, je suis vide, je suis aux aguets, je suis en proie à mes perceptions, fortes et fragiles, à la fois. J’écoute les battements du silence, je touche la peau de ma paupière, je regarde à peine l’autre, je n’en ai plus besoin, j’aimerais désormais m’en aller, aller me promener sur les chemins et sentir le vent frais danser sur ma nuque endolorie. Mais elle ne bouge pas, ses yeux me fixent. Je me demande si elle a bien saisi ce que je viens d’avouer ? Mes mots ont-ils tracés les bons sillons dans son cerveau comme ils ont traversés chaque pore de ma peau et fait trembler chaque infime partie de mes muscles ? Mots sonnants, trébuchants, de l’or a coulé, mais il est parfois des êtres qu’il faut laminer pour se faire entendre afin de percer la paroi de leur carcasse. Mon attente est légère, aérienne, l’air se charge de l’autre côté de la balance, j’y ai tout déposé. J’attends une intelligence, un rai de lumière, que puis-je faire de plus ? Ma peau s’abreuve de ma sueur, mes vêtements sont trempés, je tire dessus, les décolle, respiration, apaisée, je souris, j’ose la regarder et je sais déjà que je vais être déçue. Je vois aux traits de son visage que je ne l’ai pas achevé, que l’orgueil et la colère dansent en elle pour mieux répliquer. Je laisse le silence illusoire nous unir mais je sais déjà que j’ai perdue. Je reste assise, mon corps presque indifférent, en attendant la foudre, le silence est puissant.
Un commentaire à propos de “# Boost 9 – Silence.”
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De ces moments qui nous sont offerts par la proposition, je me rends compte que ceux qui nous parlent le plus, les plus riches, sont les silences. C’est pourtant difficile d’attraper un silence, ça demande de la délicatesse, mais tu le fais si bien. « En attendant la foudre », c’est peut-être ça la matière première du silence. Merci.