
Je suis là quelque part – Je marche péniblement – avec effort – je pèse une tonne – Nuit ou jour je ne vois rien de l’endroit où je marche – Assis ou allongé je ne verrais pas mieux – Je ne regarde pas dehors – Que regarderais je ? – Il y a à l’intérieur beaucoup plus préoccupant – qui mobilise toutes mes forces – Quelque chose qui empêche – qui écrase – qui retient – qui à tout élan de vie dit NON avec la puissance et l’autorité d’une machine – Je ne sais pas exactement où c’est parce que partout dedans – la tête – la gorge – le cœur – le ventre – Ni d’où ça vient – Passent les heures – les jours – sans que se manifeste – sans que je perçoive en moi le moindre confort d’où pourrait naître l’impulsion qui tendrait à souhaiter croître – je suis comme face à la mer- les vagues grondent – roulent – épaisses et lourdes jusqu’à moi – Je sens sous leur surface l’immense respiration – le colossal soulèvement – l’énorme masse – le gouffre infini – Comment pourrais je jamais franchir cela ? – Et puis d’un coup l’écrasement relâche sa pression – Ma respiration circule à nouveau – A l’effort impuissant succède l’envie – Et le courage revient – sans que je sache comment – comme on s’extrait, soudain, d’un cauchemar.
– Il y a à l’intérieur beaucoup plus préoccupant – qui mobilise toutes mes forces –
Comment ça passe d’un moment à l’autre… Merci Laurent…
» Et puis un matin, au réveil
C´est presque rien
Mais c´est là, ça vous émerveille
Au creux des reins
La joie de vivre »