
RÊVER
Tous préparaient les bagages pour un départ inhabituel. Et toi, petites jambes, petite taille, tu observais. Tous affairés, indifférents , inattentifs. A ce visage enfantin mangé par deux grandes pupilles noires.
Tu voulus juste revoir ta petite chambre. Ton petit royaume, cher à ton cœur. Tes petits pas rapides dans le couloir. Et puis à nouveau tu passes la grande porte.
Plus personne. Plus de trace. Plus rien.
IMAGINER
L’attente, le vide, l’impossible. Le chagrin. Le tremblement du menton. L’effroi. L’incompréhension du monde
Fermer très fort les paupières. Compter de 1 à 7 distinctement. Et redécouvrir le monde d’avant.
Le choc broie toutes tes sensations .
CHAOS
Cligner très fort des paupières , continûment. Faire coexister le passé et le présent .Pour le futur tu cherches encore un talisman.
Tu hésites : 2 pas sur le côté, sur les talons, un demi -tour , 2 pas à nouveau sur les pointes . En équilibre instable , saluer gracieusement .
Il arrive de se perdre de vue. Pertes s’écrit toujours au pluriel .
Le patchwork des retrouvailles n’avance guère.
LIGNES DE FAILLES
Célébrer l’art du kintsugi, qui subliment même d’invisibles blessures et répare en mettant en valeur les lignes de faille avec de la poudre d’or.
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Codicille : J’ai cherché ce qui pouvait faire récurrence dans la peur ou les peurs . Il m’a semblé aussi qu’il y avait toujours quelque chose d’inachevé : une peur peut toujours en cacher une autre. Alors quelles stratégies possibles, stratégies partielles, modestes, , des formes de routine, des conjurations qui les mettent à distance . Un lent travail d’apprivoisement.
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Visuel : Olga de Amaral Fondation Cartier 2025 | « En construisant des surfaces, je crée des espaces de méditation, de contemplation et de réflexion. Chaque petit élément qui compose la surface est non seulement signifiant en soi, mais entre en résonance avec l’ensemble, tout comme l’ensemble entre profondément en résonance avec chacun des éléments qui le composent. »