#Boost #4 | Tenir tête

— Tenir tête à la tristesse — celle qui alourdit le corps, s’insinue dans chaque organe, coule dans les veines, les artères, les veinules, les vaisseaux — Tenir-tête à la tristesse — et même imaginer une allogreffe pour s’en débarrasser — changer les cellules souches, supporter l’aplasie — Tenir tête à la tristesse — supporter, tenir tête et revivre — Tenir tête aux souvenirs — à la joie indicible d’être en voiture avec les parents, fenêtres ouvertes, radio à tue tête, partir deux mois à Concarneau pour les vacances, les grandes — retrouver les grands-parents, les embrasser, nous serrer dans les bras, respirer dans son cou l’odeur de violette et dans le sien l’odeur de tabac— Tenir tête à l’impossible — les jeux avec mon copain Benoît — recréer des mondes avec des playmobil, des legos, des bouts de carton, de la ficelle — nous deux enfermés dans sa chambre — Tenir tête aux regrets — avoir rit de sa timidité, son air empêtré, son sourire niais — m’être moqué de lui — l’avoir brutalement blessé lui qui était si heureux et si fier d’être invité au goûter d’anniversaire de Caroline, ma conne de cousine — Oui, tenir tête à la culpabilité — Tenir tête aux identifiants, aux codes, aux mots de passe, aux algorithmes, aux voix artificielles, au digital, aux statistiques, au, au, au Numérique de Merde — Tenir tête — Tenir tête — Apprendre — Apprendre — Tenir — Tenir — T…. — Et garder la Tête Haute.