#boost #11 | Manuela Draeger, marcher dans le rêve et la nuit

– sommaire général du cycle;
_ sur Patreon, téléchargement extrait de Manuela Draeger, Arrêt sur enfance, plus inscription et publier vos contributions, plus Zooms etc.);
_ contributions à envoyer par mail de ce dimanche 27 avril au samedi 3 mai;

L’oeuvre de Manuela Draeger, dans le dispositif-continent dont l’incarnation principale est le nom d’auteur Antoine Volodine, a pour première caractéristique, pendant dix ans, d’avoir été publiée dans une maison spécialisée (mais la meilleure) en littérature jeunesse, avant la parution de trois livres totalement singuliers dont Herbes & golems pour moi quasi livre-fétiche.

Arrêt sur enfance vient de paraître ce début 2025 chez L’Olivier participe de cette histoire éditoriale: une syntaxe que l’usage du «que» («comment que tu veux que») rattache aux prononcés d’enfance, et l’exploration de dystopies que seul le rêve permet d’atteindre (comme dans le livre Rêves de suie en 2012), un art singulier du nom propre, et cette impression de séquences quasi chantée ou priées.

La dystopie : on est longtemps après la disparition de la domination humaine, elle a laissé quelques restes, ces momies. Les personnages qui constituent la narration ont certainement des caractères anthropomophes, mais n’y sont en rien réductibles. Et surtout, une atteinte au temps: mais exprimée dans une telle logique de syntace que rien ne pourrait remettre en cause un état de fait aussi simple — ce geste accompli rituellement chaque fin de nuit pour que naisse le jour, et voilà que celle qui en était chargée meurt.

La si hallucinante construction du livre ce sont ses croisements et superpositions, les rêves de ce personnage chargé du geste continuant de s’accomplir, et le couple qui va tenter de prendre le relais s’y surimposant.

Voilà comment, dans ce noeud narratif, une suite de brèves séquences devient une exploration avec marche de nuit, parmi tous obstacles, parmi toutes perceptions et sensations, parmi toutes peurs.

Et la syntaxe elle reste rigoureusement implacable et logique : nous marchions, nous avions, nous explorions, nous recommencions… (voir l’extrait)

Et ce sera la proposition d’ouverture pour cette deuxième séquence de notre protocole #boost inchangé: un «nous», un passé simple, et forcément les souvenirs de ces traversées de nuit, brèves ou longues. Hantées. Souvenirs de nous perdu ? Ce thème des «perdus» est omniprésent dans le livre signé Manuela Draeger.

Mais simple souvenir, ou fiction liée à personnage d’un de vos projets en cours, ou encore rêve de ces traversées ?

Et la façon, dans le récit signé Manuela Draeger, d’amener ce personnage en remorquant un autre, comme une amplification directe de l’apparition de Pozzo et Lucky dans En attendant Godot.

Un travail ? Oui, si l’enjeu c’est que chaque phrase de votre texte corresponde à un instant précis et un point précis de cette marche dans la nuit. Chaque phrase un état immobile de cette marche dans l’instant qui correspond. Et le «nous» parce qu’il vaut pour le lecteur comme pour l’auteur, aucun besoin de l’expliciter, c’est cette marche qui compte, comme refaite à l’infini dès qu’à nouveau racontée.

Après cette première série sur l’intensité, une séquence qui tentera de dialoguer avec des expérimentations contemporaines précises, pour développer, expandre la narration.

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