C’est un ballet silencieux où retentit le bruit de la chaise qui chute et son corps soudain dressé ton regard surprend son regard trop noir et les narines dilatées dans ce visage devenu gueule que tu crois aimer encore ton regard circule va de la gueule au rose tendre des joues de l’enfant et ces hurlements qui ouvrent un grand silence de pierre tombale où vont s’engloutir le soleil le chant des oiseaux le vol d’une mouche et la fuite du chat les regards de rage et de terreur brûlent et se croisent le ballet a commencé le rose tendre des joues de l’enfant s’assombrit les mains se lèvent, toutes, celle au bout du bras qui va au ciel et pour tout dire en enfer et tes mains à toi projetées en avant avec tout ton corps en parade tes yeux effarés qui voudraient le clouer là l’enfant lève aussi les bras pour protéger son rose tendre et ses yeux noircissent eux aussi alors le ballet des bras : l’un dressé comme une tour les tiens étirés en barrière ceux de l’enfant arrondis en parapluie. Trop tard. La première gifle tombe.
9 commentaires à propos de “#boost #09 | Rose tendre”
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Quelle acuité, moment suspendu et pourtant dynamique, comme élastique, c’est très visuel, imagé, j’aime beaucoup
Merci infiniment Perle de votre passage et bienveillant commentaire
Beau ralenti où l’affrontement devient corps à corps, où tout se mélange des fragments, la proximité avant la claque.
Impressionnant Catherine, presque d’un souffle (avec visage et cri )
impressionnant, oui, d’un souffle que l’on retient, désolé, hagard
« et ces hurlements qui ouvrent un grand silence de pierre tombale où vont s’engloutir le soleil le chant des oiseaux le vol d’une mouche et la fuite du chat »
rien ne semble vouloir contrarier le cours de ce moment, comme une fatalité, l’enfant comme résigné
tout le déroulé de la scène (de la minute) dépouillé de ponctuation, ce qui renforce sa consistance et l’effet de chute…
merci Catherine…
Un texte brûlant, pour reprendre un de tes mots, brûlant d’un bout à l’autre… et pourtant ‘ce visage que tu crois aimer encore’ et le chant des oiseaux… adoucir, dire rien n’est jamais tout blanc, tout noir.
Merci.
Le rose tendre et .. la violence…
superbe texte.
Merci
J’ajoute mon commentaire aux autres, et mon admiration pour la façon de décrire ce moment, la violence qui se lève, le coup qui va tomber, par un jeu de gestes arrêtés, de couleurs, de raccourcis (« son visage devenue gueule » : superbe). Bravo Catherine.