Mirage
La neige tombe, tout frais, tout doux, qui enveloppe le paysage de son manteau immaculé. Les collines autour de la ville sont blanches, enneigées. L’air est vif, c’est l’hiver, c’est souvenir, c’est autrefois. Tu as attendu la couche blanche avec impatience comme chaque hiver. Tu montes, tu montes toujours plus haut, tu arrives à la cime, immensité, liberté, les maisons sont loin, tout en bas, tout en blanc, l’air est vif, le ciel est devenu limpide, les pentes étincellent au soleil, tu es habillé, emmitouflé, ganté, équipé, tu respires, te concentres, te décides, tu prends de l’élan. Le vent est ton ami, tu ne sens plus le froid, tu ne sens plus tes pieds coincés dans les lattes fartées, tu glisses, tu fonces, tu t’envoles, la vitesse glace tes joues, fait pleurer tes yeux, les bâtons piquent la piste, ta tête pointe, tire, guide, le bonnet bien enfoncé, tu ne regardes plus, tu sens, tu sens la trajectoire, tu sens l’air, tu touches l’espace –- vertige, mirage, tu flottes, tu voles au-dessus des sapins, tu planes, tu es léger, tu as des ailes, tu es un oiseau, tu n’es plus qu’esprit, ton corps ne pèse plus, en pilotage automatique –- vertige, mirage, souvenir, reviens à terre, la neige est là, mais tu n’y es plus, tu ne voles plus, tes pieds sont lourds, ta tête est ailleurs, ton temps est passé….