#boost #09, Kafka

Mirage
La neige tombe, tout frais, tout doux, qui enveloppe le paysage de son manteau immaculé. Les collines autour de la ville sont blanches, enneigées. L’air est vif, c’est l’hiver, c’est souvenir, c’est autrefois. Tu as attendu la couche blanche avec impatience comme chaque hiver. Tu montes, tu montes toujours plus haut, tu arrives à la cime, immensité, liberté, les maisons sont loin, tout en bas, tout en blanc, l’air est vif, le ciel est devenu limpide, les pentes étincellent au soleil, tu es habillé, emmitouflé, ganté, équipé, tu respires, te concentres, te décides, tu prends de l’élan. Le vent est ton ami, tu ne sens plus le froid, tu ne sens plus tes pieds coincés dans les lattes fartées, tu glisses, tu fonces, tu t’envoles, la vitesse glace tes joues, fait pleurer tes yeux, les bâtons piquent la piste, ta tête pointe, tire, guide, le bonnet bien enfoncé, tu ne regardes plus, tu sens, tu sens la trajectoire, tu sens l’air, tu touches l’espace –- vertige, mirage, tu flottes, tu voles au-dessus des sapins, tu planes, tu es léger, tu as des ailes, tu es un oiseau, tu n’es plus qu’esprit, ton corps ne pèse plus, en pilotage automatique –- vertige, mirage, souvenir, reviens à terre, la neige est là, mais tu n’y es plus, tu ne voles plus, tes pieds sont lourds, ta tête est ailleurs, ton temps est passé….

A propos de Monika Espinasse

Originaire de Vienne en Autriche. Vit en Lozère. A réalisé des traductions. Aime la poésie, les nouvelles, les romans, même les romans policiers. Ecrit depuis longtemps dans le cadre des Ateliers du déluge. Est devenue accro aux ateliers de François Bon. A publié quelques nouvelles et poèmes, un manuscrit attend dans un tiroir. Aime jouer avec les mots, leur musique et l'esprit singulier de la langue française. Depuis peu, une envie de peindre, en particulier la technique des pastels. Récits de voyages pour retenir le temps. A découvert les potentiels du net depuis peu et essaie d’approfondir au fur et à mesure.

Laisser un commentaire