La nuit est épaisse dans la chambre. Nuit-poix derrière les volets bien clos, et la solitude bien enfermée dedans avec, tellement que la chambre, on dirait une nuit de conte, une forêt sombre où il serait impossible de distinguer les petits cailloux semés, une nuit de monstres sous le lit, tapis, une nuit aveugle à la lune et aux étoiles, aveugle aux réverbères de la rue, une nuit de paupières fermées. Cousues. La nuit est épaisse dans la chambre. Empesée de silence. Un silence creusé dans le vide, creusé dans l’absence. Absence des voix familières. Absence des petits bruits qui peuplent une maison. Un silence qui avale tout. Bloc dense. Compact. Infini. Ce silence, c’est ce qui a réveillé l’enfant, ce qui a écarquillé ses yeux noyés de noir. Un temps-nuit aux lourds battements d’ailes, grillagé, encagé avec des larmes dedans.