Sauter d’un pied sur l’autre en levant les genoux très haut ; prendre son élan pour affranchir les premières marches ; courir à la cuisine se passer les mains sous l’eau longtemps puis les secouer pour dire bonjour
Se tenir par les mains, les deux, se regarder dans les yeux, prononcer la phrase avec le mot étoile pour nuit et le mot matin pour être sûre qu’un autre jour viendra, s’embrasser avant d’éteindre
Donner à l’enfant un prénom qu’on ne prononcera jamais ; un autre pour l’introduire au monde ; un autre encore pour le prendre par la main
Se relever au milieu de la nuit pour respirer le creux de son cou; lui parler même quand il n’entend plus
Glisser une fleur de papier dans la poche poitrine de sa veste avant de le laisser glisser dans l’ombre
Serrer par cœur la dernière page, s’abriter sous les mots ; composer une phrase en marchant
Inventer des histoires à dormir debout pour dormir ou pour franchir la distance entre deux nuits : croire aux fauves
S’assoir sur le banc devant la maison pour être certaine de revenir un jour, ou sur la pierre s’il n’y a pas de banc, ou sur sa valise s’il n’y a pas de pierre
Siffler ou chanter, siffler, chanter puis cesser pour entendre le silence
Faire pivoter la table de quelques centimètres, poser la pomme et reculer, reculer; fermer les yeux pour se rappeler sa couleur
Peindre la lune en bleu et le chien en rouge mais surtout peindre le chien en bleu et la lune en rouge
Raconter des histoires comme jeter du sel par-dessus son épaule
Se prendre pour un Indien et boire dans un estaminet
Écrire un journal de l’instant
Crier dans une autre langue
Ratisser le vent
4 commentaires à propos de “#Boost #07(2) | d’infinitifs arrangements”
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Comme ils sont emplis de vie, de vie vraie, ces infinitifs. Merci Nathalie. Merci de ces arrangements. Vitaux.
Merci Ugo! c’est un deuxième essais 07 à retardement qui était resté dans l’ordinateur sans batterie
C’est intéressant de lire ce texte juste avant les moments, il y a comme une suite, un avant/après, qui peut se lire dans tous les sens, une résonance.
Quel texte émouvant , je le reçois comme un cadeau « Donner à l’enfant un prénom qu’on ne prononcera jamais ; un autre pour l’introduire au monde ; un autre encore pour le prendre par la main
Se relever au milieu de la nuit pour respirer le creux de son cou; lui parler même quand il n’entend plus » , je pourrais le citer en entier , je prends tout! merci Nathalie