#Boost #07 | Performations

Tu toucheras du bois parce que la racine des choses et le pilier du monde passent par le tronc de l’arbre – tu es de ce bois dans ton entourage d’artifice – ta main à ta tête portée tu prononceras les mots de toujours – sans jamais en changer – et ta tête touchés les doigts relâchés le soupir poussé le bras en arrondi descendra apaisé.

Tu mettras des cache-prise dans chacune des prises pour contenir l’énergie derrière le pare-feu de techniques anciennes pour ne pas être en prise avec les forces déchaînées des apprentis sorciers.

Tu verras un chat noir par deux fois tu croiras que l’ordre de l’univers ne tourne qu’autour de toi – si seulement il suffisait de comprendre les signes – la simplicité serait apparente – tout se résoudrait par le charme d’un rite – d’une parole performative.

Tu tourneras le pain dans le bon sens.

Tu grimperas aux échelles à l’envers et tu verras les anges t’ignorer de très haut, la forme des nuages change la face du temps.

Tu parleras très vite au creux d’un coquillage.

Un galet lancé dans le roulis des vagues tu crieras ton nom vrai – inaudible aux humains et que la mer emporte – ce n’est pas le nom que d’autres t’ont donné – que la mer rapporte.

A propos de Laure Humbel

Site internet : Sur mes tablettes, laurehumbel.fr. Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie histoire romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. «Ton Nombril» et «BigBang» (Toutàlheure, 2023 et 2024, illustrations de Luce Fusciardi) sont des albums pour les tout-petits qui forment un diptyque sur le thème de l'origine.

7 commentaires à propos de “#Boost #07 | Performations”

  1. je vois, Laure, que je ne suis pas seul à m’être penché sur la fonction performative pour ce boost-ci… À un moment je me suis dit : sans doute nous sommes passés d’une ère de l’information à une ère de la performation (≃ post-vérité ?), sans savoir si ce mot existait… et comment avec ça « ne pas être en prise avec les forces déchaînées des apprentis sorciers » ? je ne suis pas équipé de cache-prise

    • Je n’en ai aucune idée (si le mot existe), je dirais même que je l’invente, je n’ai pas vérifié. Moi aussi j’ai remarqué l’écho entre nos textes, mais la parole performative m’appelle plus vers l’antiquité que vers notre temps, c’est le rite des religions anciennes, la romaine surtout, que j’ai beaucoup étudiée, à défaut de la pratiquer.

  2. Toucher du bois, les chats noirs, les échelles, les choses qui portent malheur et le faisaient déjà au temps de ma grand-mère, et là, avec ton futur l’impression de continuité des porte-malheur et des conjurations qui leur sont associés, façon couples infernaux qui font partie du temps

  3. Cela faisait longtemps que je n’étais pas revenue vers toi Laure et je me demande pourquoi, n’aurais-je pas vu tes textes, cela m’étonne. Alors au plaisir de te relire, bien à toi.

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