Sortir du lit encore engourdie, comme la nymphe de son cocon, s’étirer comme elle pour sortir de ma torpeur, articuler les pattes, mon exosquelette mimétique, l’actionner.
Ouvrir la fenêtre en grand et faire entrer la fraîcheur. Écouter les bêlements des bêtes, les aboiements des chiens. Humer l’odeur animale, de suint et de crottin, qu’exhale l’heure matinale.
Eveiller le regard dans les couleurs encore ternes de l’aube.
Sortir sur la terrasse et constater que le givre s’est installé dans la nuit, qu’il s’incruste encore sur l’herbe blanchie. Chercher des yeux un mouvement, percevoir la fourrure noire de la petite chienne qui tourne autour de la bergerie. S’en étonner, sourire.
Bien observer le versant de la colline et attendre que les premiers rayons de soleil baignent sa façade, que l’ombre des grands pins s’éclaire. Laisser les nuages s’effilocher. Brandir la lumière comme un secours. Gravir ainsi les premières marches du jour.
Le passage autour de la fenêtre ouverte, j’aime beaucoup. Et la présence du givre sur l’herbe, je la vois, j’aime aussi. Et ‘Brandir la lumière comme un secours’. C’est beau, comme doux, même si on sent la difficulté à s’éveiller, se mettre en mouvement.