# Boost 07 | Ce qui pourrait faire naissance

Glisser sur son index gauche un nouvel anneau d’or avec une pierre noire, obsidienne peut-être, et faire ainsi alliance avec la personne qui l’a porté et qui git sous terre depuis si longtemps. Ne plus savoir son origine exacte mais s’imaginer que faire alliance rend plus fort.

Vouloir se défaire des tensions de la nuque et des douleurs dans le bras: sortir, il faut sortir et tenter d’alléger le poids des archives qui pèsent sur les épaules, déplier le corps recroquevillé au long des heures, et libérer la tête de tout ce qui se rumine dedans.

Chausser les chaussures de randonnée avec en tête l’idée que l’ailleurs est déjà au bout des orteils et qu’il existe ainsi un autre part sans nom où l’on pourrait se rendre. Emprunter un chemin non encore foulé et buter sur de neuves racines.

Arpenter un sentier de bord de Loire, remonter le cours du fleuve, se dire que l’on progresse ainsi quelque peu vers la source, qui somme toute, n’est pas si éloignée, et que les sources sont pleines de renouveau, de nouvelle naissance, enfin se le suggérer ainsi et avancer sur un sol boursouflé de flaques d’eau où se reflètent les crocs des arbres encore défeuillés.

Prendre des forces dans le flot des remous de l’eau, découvrir les arbres morts vautrés sur les berges, fruits de la crue d’octobre: tout ce qui vit peut être pétrifié en quelques secondes. Continuer de méditer.

Détourner son attention vers les mélodies d’oiseaux cachés dans les buissons , mais ils sont bien là à chanter les premiers jours de printemps, on leur fait dire ce que l’on veut et ils ne protestent pas. Le sillon devant soi se creuse de flaques et de boue mais il est bon de poursuivre la marche.

Saluer d’un sourire, d’un bonjour, d’un hochement de tête: d’autres que soi sont sortis eux aussi pour oublier le quotidien, pour promener un chien, un enfant, une pensée malade.

Se réjouir de la mise en feuille vert tendre des saules pleureurs, ne plus savoir pourquoi on aime tant ces arbres, mais en les regardant s’apercevoir de son sourire, du pas qui se pacifie, du corps qui se redresse.

Revenir avec une fatigue dans les jambes, les douleurs sont mobiles et les pensées fugitives à force de s’entretisser.

Il faudra ressortir encore pour respirer un peu de terre et appréhender dans le fleuve quelque voix de lave. Ce qui pourrait naître.

A propos de Solange Vissac

Entre campagne et ville, entre deux livres où se perdre, entre des textes qui s'écrivent et des photos qui se capturent... toujours un peu cachée... me dévoilant un peu sur mon blog jardin d'ombres.

3 commentaires à propos de “# Boost 07 | Ce qui pourrait faire naissance”

  1. ah mais oui ! de l’espace de l’air se ressourcer en ta compagnie comme un double en balade ! Quelle belle promenade ! Et quelle force aussi, se laisser accompagner par ceux qui nous confient leurs objets !

  2. Merci Solange pour cette belle randonnée en ta compagnie, ton regard sur ce printemps promesse de ce qui pourrait faire naissance. Et puis très touchée par « promener… une pensée malade » et « les pensées fugitives à force de s’entretisser » Merci

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