raviné ridé creusé cendré lèvres fines craquelées enfoncées dans une bouche vide yeux fiévreux visage usé livré au soleil au sel à la marée aux cris aux larmes visage paysage aux replis de roches abîmées par les pluies abandonné à la géologie de la douleur
visage rond comme un O aussi rond que les yeux des poissons glacés du marché écarquillés sur le monde de peur d’en perdre une miette à l’affût dans la rue d’autres visages à harponner visage mangeur de visages pour lire sur la peau des yeux des lèvres des joues du front des ailes du nez pour lire sur ces visages happés à même la rue la preuve qu’elle est bien vivante et que son visage est
visage mangé de barbe tout entier absorbé par l’affolement des yeux qui cherchent comment accrocher le dehors sans perdre pied sans se dissoudre sans perdre son corps sur le parking du supermarché visage qui accroche l’air la pluie le soleil pour trouver un appui et résister à cette envie de l’arracher ce visage comme on arrache un masque
Merci pour ta lecture, je viens de lire ton texte, et je retrouve un écho : le masque. Merci pour ce texte