et toujours sa tête frappe ma poitrine sa tête-sépia sur fond d’asile sa tête-perdue sa tête-guerre d’avant-guerre bouche ouverte lèvres closes sa tête-d’au-revoir sa tête-sans-lendemain sa tête-sans-visage ses yeux sans regard paupières pâteuses paupières vaincues mains énormes chaudes détiennent corps évasif presque éteint tout juste là sa tête-douleur sa tête-cassée me donne du manque à écrire sa tête-sans-face me souffle foule épaisse de mots vidés du dictionnaire grignoté par foule d’émotions imprécises écrasées sous la vie derrière les ongles énormes d’Auguste qui ne se sait pas Alzheimer qui ne se sait pas Auguste et je ne vois plus rien et je ne vois que ce qu’on lui prend et je ne sais pas comment dire sa tête-coincée dans l’Histoire sa tête-froissée sa tête-pétale sa tête-sèche aux bords bien droits sa tête-jaune si bien rangée dans l’herbier de la civilisation
codicille
Je n’ai pas fait le tour de cette histoire que j’ai cru pouvoir abandonner. Suite à la lecture du texte de Michaux, et cette phrase « L’habitant de la face en désordre n’abandonne pas », la photo d’Auguste s’est imposée, encore : https://en.wikipedia.org/wiki/Auguste_Deter. J’ai dû la suivre, un peu à côté de la consigne je crois. Cette femme, cette photo, son histoire était arrivée dans l’écriture avec Novarina, là : https://www.tierslivre.net/ateliers/anthologie-05-la-femme-auguste/. Elle parcourt de nombreux textes où je cherche à la saisir. Quelle que soit l’entrée, je n’y arrive pas, ça m’agace, m’obsède, me fatigue.
Magnifique, Lisa. Pile dans le mille. Et merci pour Auguste Deter et tous les Alzheimer.
Ma mère un jour : Est-ce que tu penses que quelqu’un sait que je j’existe.
Aussi merci pour ton Novarina.
« sa tête-d’au-revoir sa tête-sans-lendemain sa tête-sans-visage » « sa tête-douleur sa tête-cassée me donne du manque à écrire sa tête-sans-face me souffle foule épaisse » très fort cette litanie d’une tête .
et le texte tape fort, on lit et ça tape, ça résonne dans ce désordre « sans lendemain » et dans cette « foule épaisse de mots »
merci Lisa