… le visage tout proche, trop. Comme un écran visqueux, odeur de gras, pores ouverts, pleins, luisant visage du désir avide, si près, trop. Le nez en proue, narines ouvertes, pores ouverts, si proche, trop. Peau luisante, odeur de gras, bouche mauve, plissée, vieille déjà, les dents jaunes apparaissent, odeur cariée, s’il te plait… le visage c’est le pire, en bas on ne sait pas, on ne sait plus, mais le visage, là, près, si près, trop. Graisseux et avide, s’il te plait, poils gris, dégoutants, un poireau au-dessus de la lèvre, dégoutant, dégoutants aussi les yeux voraces s’il te plait, et honteux, les yeux qui vous avalent, si près, trop, et dessous ça s’agite ça remue ça vous presse ça vous frotte mais le pire est le visage, si près, trop, graisseux et honteux, le visage qui veut, les yeux qui implorent, s’il te plait, le nez qui sent, la bouche qui supplie, s’il te plait, le corps qui force, le souffle dans le visage, chaud, trop, malodorant, comme de sueur, non, et bien si, non, le corps insiste, le visage jérémiade, tout contre, partageant sa sueur, non, les yeux partageant la peur, non, le corps dessous comme un mur de fer, non, mais c’est le visage surtout le pire, le vilain visage du désir contre…
10 commentaires à propos de “#boost #06 | le visage contre”
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c’est superbe… ton usage rythmé du « trop » et du « s’il-te-plaît » est parfait, on sent le souffle malsain sur nous, cette supplication, cette pression terrible…
je retiens » le corps dessous comme un mur de fer, non »
superbe, merci Catherine
mille mercis Françoise, suis en retard sur les lectures, honte à moi
J’adore détester ce visage que tu nous donnes à lire. Et, en tant que lectrice, l’empathie pour celui qui le porte.
Et ce ‘s’il te plaît’.
Ton texte percute, balance, dit sans détours, ça me plaît.
J’adore que tu adores le détester mille mercis Annick, si heureuse de te retrouver là
chez moi l’empathie passe d’un visage à l’autre c’est terrible je n’arrive pas à détester celui qui pue ( le s’il te plait semble parfois changer de bouche) …par contre j’arrive très bien à prendre le texte en plein visage. Bravo
« ce visage, c’est le pire. »ce cri du cœur.
un peu comme plus tard : la bouche, non.
cette insupportable proximité du visage par où tout passe, où tout se lit, où l’on est avalé.
« en bas on ne sait pas, on ne sait plus »
merci
merci Véronique de cette lecture attentive
.. les cinq sens en alerte…quel texte ! merci.
il manque le sixième… merci
quelle force Catherine – et cette supplique – et on ne peut pas fuir .