#Boost #06 ce visage nous poursuit

Dorothèe Myriam Kellou raconte l’histoire de son père, algérien exilé-émigré-immigré en France, Français et Algérien, Algérien et Français. De Boufarik à Nancy, le visage du sergent Blandan l’a suivi. Non qu’il ait eu la volonté d’entretenir le souvenir, mais parce que la statue du sergent Blandan a été déplacée de Boufarik où il est né à Nancy où il vit. Malek Kellou n’a pas connu le sergent Blandan mort en 1848, Malek Kellou est né dans les années 50 du siècle suivant. Malek Kellou a épousé en 1970 une Française qui avait choisi de vivre et de travailler en Algérie dans ce pays neuf et indépendant, ils croyaient tous les deux qu’un autre monde était possible.

C’est une histoire bien plus ancienne que raconte de visage du sergent Blandan et sa baïonnette fièrement brandie, celle de la conquête. Une histoire bien plus ancienne qui se mêle à la plus récente que Malek a vécue enfant avec les camps de regroupement des paysans algériens organisés par l’armée française (celle des années 50-60) pour couper-protéger-civiliser- séparer les populations des rebelles.

Les deux visages se mêlent pour organiser-décrire-rappeler la continuité de la destruction. Le visage du sergent Blandan et sa baïonnette menaçante se confondent avec celui de ces autres militaires que Malek a connu. Franz Fanon disait « Chaque statue, celle de Faidherbe ou de Lyautey, de Bugeaud ou du sergent Blandan, tous ces conquistadors juchés sur le sol colonial n’arrêtent pas de signifier une seule et même chose : « Nous sommes ici par la force des baïonnettes » . Lyon a aussi sa statue du sergent Blandan et sa rue Bugeaud. Dès que certains suggèrent de les supprimer, des voix s’élèvent pour sursoir à l’enlèvement et suggérer une méthide plus douce : compléter le visage de la conquête d’ un panneau explicatif « en accord avec les valeurs du présent » !

Depuis l’expédition d’Égypte de Napoléon, ce visage nous poursuit d’une République impérialiste et universaliste, devenue ennemie de l’Islam.

Dorothée Myriam Kellou est la journaliste qui a révélé en 2016 par ses articles dans Le Monde la compromission de la cimenterie Lafarge avec les terroristes de l’État islamique à qui les dirigeants de Lafarge ont accepté de verser entre 5 à 10 millions d’euros contre la possibilité de poursuivre la production de ciment. Lafarge a payé une lourde amende aux États-Unis (778 millions de dollars) pour éviter le procès. Ce n’est qu’à la fin de l’année 2025 que l’affaire viendra devant les juges français pour financement du terrorisme. L’accusation de crime contre l’humanité des dirigeants du cimentier Lafarge n’est pour le moment pas retenue, mais l’instruction reste en coours.

A propos de Danièle Godard-Livet

Raconteuse d'histoires et faiseuse d'images, j'aime écrire et aider les autres à mettre en mots leurs projets (photographique, généalogique ou scientifique...et que sais-je encore). J'ai publié quelques livres (avec ou sans photo) en vente sur amazon ou sur demande à l'auteur. Je tiens un blog intermittent sur www.lesmotsjustes.org et j'ai même une chaîne YouTube où je poste qq réalisations débutantes. Voir son site les mots justes .

2 commentaires à propos de “#Boost #06 ce visage nous poursuit”

  1. J’habite rue faidherbe dans le 11ème. La médiathèque de l’autre côté de la rue a été renommée Violette Leduc il y a quelques années. Violette a habité le quartier, faidherbe non. Il y a une dizaine de jours j’étais à Lille où il y a, sur la place du musée des beaux arts, une statue de faidherbe fringant sur son beau cheval avec sa grande épée de boucher. Il doit être de là notre héros. Bravo pour ton texte Danièle, je t’embrasse.

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