Il dort. Retenu par les muqueuses de la terre, pendu aux organes gonflés des fonges, en boule dans les panaris des grives, d’un sommeil sans rêves. La nuit, le jour. Il dort. La moindre béance, le moindre trou d’air le réveillent. Il est prêt, il est né, ouvre l’oeil, voit rouge, galope vers le rouge, y plonge, siffle. Les viscères palpitantes l’accueillent, entrelacs d’eaux vives et de biles, bouillon de bacilles sautillants, engorgements, dégorgements, pressions, dépressions, il profite des courants, des gaz, des plissures, des sources chaudes, s’enracine, se contracte, durcit. Bref vertige du système, étourdi. Tout va très vite, il sait les chemins, se moque du temps et des adverbes, projette en chaos ses membranes griffues, colonise les tissus, corsète, brûle, tétanise, asphyxie. L’abdomen capitule. Les os sont touchés. Le brouhaha est terrible, suivi d’un silence de mort. Bref suspens du système, en apnée. D’un coup sec, les nerfs craquent, explosent, mille acouphènes s’agglutinent aux parois. Soufflé, il monte au galop féroce, grille le thorax, agrippe la gorge, crève les orbites, renonce à défoncer le crâne, broie les tympans, arrache la langue, frappe.
codicille
d’abord me contraindre à la consigne. Pénible au départ, comme une dissection du temps et de la sensation, segmenter, et puis m’abandonner, me fondre dans un tempo organique, dans une presque métaphore qui doit quand même se tenir, pas trop s’emballer, rester collée à la perception. Le plus difficile c’est tenir mon cheval, pas m’affoler, toujours pareil avec Artaud