perdre pied dans la réalité pour m’engouffrer dans une autre | glisser d’un moment où les rayons du soleil caressent ma peau vers un temps où la chaleur irradie dans mon esprit vent solaire sensation décalée | rejoindre cet état entre deux entre les vents entre les réalités entre les pensées envers et entre tous | jusqu’à la chute | la chute enflammée | la chute incandescente dans les viscères d’un soleil en irruption boule de feu qui plonge dans l’incendie total | gigantesque | sentir la chaleur comme une caresse sur ma peau un surf sur la vague d’un rêve un papillon qui flotte comme une cendre sur le souffle de mon abandon | le brasier froid d’une colère sourde | la douleur sans la souffrance | le cri muet qui naît dans la profondeur de mes tripes et qui y reste | le cri qui ne sort pas | entravé enchaîné étouffé avalé bâillonné | le cri qui rentre en moi et qui se répand dans mes veines laissant derrière lui une traînée de flammes bleues | subir la violence de son propre cri entre les murs de ses entrailles murailles funérailles | s’entendre crier dans le silence de sa tombe | sentir ses os se consumer sous le feu du temps qui passe | ouvrir les yeux enfin sortir du trou de silence | sortir du feu dont le crépitement résonne encore dans mes oreilles | jouer la réalité revenue mon cri a cessé de tourner sur lui-même | ouvrir la bouche et le libérer enfin en déchirant l’air | les rayons du soleil caressent ma peau dans l’instant de retour | jouer la vie
codicille — pousser les mots d’Artaud dans mon esprit, m’en infuser lentement et regarder les doigts sur le clavier danser sur une musique déstructurée. Laisser venir, sans forcer, jusqu’à ce que l’eau ne coule plus. Respirer.
