un cri marche entre deux rangées de pierres grillagées un cri marche entre deux empilements de pierres irrégulières retenus par des carrés de fil de fer rouillé un cri marche entre deux rangées de murs à angles droits bâtis d’un fracas de roches accidentées enfermé dans du treillis métallique les murs enserrent le cri qui marche le pressent mais rien ne sort front buté ongles incrustés dans les paumes un cri avance entre deux murs qui reculent sans fin jambes raides genoux frappés buste penché un cri marche comme s’il soufflait un vent terrible le ventre se creuse les poumons s’écrasent tandis que le cri marche bouche béante d’où rien ne sort un cri marche martèle le bitume en cadence loin des arbres aériens au murmure secret il s’obscurcit le cri qui marche quand le corps bute sur un repli de bitume sur presque rien il trébuche le corps il tombe le cri tombe avec lui rompt le silence le cri le corps tout roule le silence le corps le cri qui jaillit éclat de rocailles plaque la langue sur la mâchoire inférieure fracasse la gorge déchire les cordes vocales il s’épuise le cri tant il crie et meurt asséché faute de vent entre deux rangées de pierres le corps se redresse s’ébroue tend le cou il cherche trouve facile un autre cri en ces temps de trop de cris venus à venir il repart le corps entre deux rangées de pierres un cri marche
2 commentaires à propos de “#boost #05 I Artaud, cataractes rêvées du cri”
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J’ai suivi la marche de ce cri sur le bitume avec curiosité. Très beau texte, très visuel. Merci pour ce moment de lecture.
ce cri en marche qui se perd
je me suis projetée dedans, j’ai vécu ce cri lors d’une terrible chute en 2019 et je me suis revue dans ton texte
merci pour l’émotion retraversée « comme s’il soufflait un vent terrible »