je n'ai pas compris non plus que tenu compte de la consigne que j'ai mieux ou plus complètement comprise en lisant un ou deux éléments du boost #04 - je publie quand même, ça fait partie d'une espèce de réalité que je marque comme à l'agenda - pour voir ce que ça donne
Le truc reste toujours là, c’est toujours possible, tu entres au café et tu commandes – c’est toi qui commandes – ou alors dans un magasin, un emballage en plastique rigide et du papier brun et à l’intérieur la flasque ou même sans emballage et dans la poche intérieure – c’est toujours possible et ça reste là, à attendre et à entendre le bruit du bouchon qu’on dévisse, porter le goulot aux lèvres boire enfin boire, la chaleur la tendresse la sérénité ça fait du bien et du simple – c’est toujours possible sans voir en s’aveuglant en tournant le dos au crabe du foie et tituber déambulant déambuler titubant parfois la route monte anormalement on se retient, il y a là une rampe, on s’en saisit et on l’agrippe – les escaliers dévalent la colline au faîte de laquelle la maison a disparu ce n’est pas une colline, juste une butte – des vignes en escaliers palissades espaliers, rangées et devant chacun de ces rangs un rosier – la couleur douce et la chanson qui faisait je ne pleurerai pas je ne pleurerai pas non je ne verserai pas une larme tant que tu resteras près de moi – évidemment à un moment il n’en reste plus, au début ce n’est pas insupportable, il n’y a là rien d’insurmontable et bien sûr qu’on n’en a rien à faire, la petite bouteille plate se retrouve dans une poubelle dont l’aspect, la teneur, le dessin a été réfléchi et créé par Stark (on dit qu’il possède une maison sur la lagune à Burano mais qu’il n’y vient pas souvent, tu te rappelles à Mazzorbo le rendez-vous des chasseurs ? la grande salle démodée, les tablées familiales, les enfants qui rient courent pleurent se chamaillent et les autres qui boivent et se servent aux bouteilles au cul de raphia) (et vient ici Robert, c’est le son de son nom Stack, qui produit son entrée, il était prénommé Charles et jouait l’incorruptible ou le héros enivré d’Écrit sur du vent qui pointe directement immédiatement sur Rhett Butler car autant l’en emporte, lui son racisme et son « franchement ma chérie je n’en ai rien à foutre » répondant au pathétique « mais que vais-je devenir ? » de Scarlett – la grande élégance d’Hollywood et du cinéma) – et puis on se demande de quoi est composé ce liquide, on devient même docteur en œnologie on s’intéresse aux cépages aux sols basiques ou argileux on se demande ubac ou adret dans quelles conditions sous quelle température et quelle hygrométrie on goûte, on fait semblant de percevoir une teinte de pomme de poire de fruit rouge on s’extasie de la cuisse ou de la longueur en bouche – on achète les bouteilles par carton de six – on en fait rentrer six ou huit au printemps – cave – à boire dans deux ans, à garder, à laisser infuser – on préfère cette marque-ci à cette autre distillée ici ou là ces douze dernières années à attendre – on en est là, on a soif on en veut encore un peu, oui, pourquoi pas, on boit – et puis et puis… c’est décidé, j’arrête, anonymement bonjour je m’appelle Untel et les autres autour, tout autour bonjour untel !! ou alors j’entreprends ça tout seul, je décide et j’arrête même s’il y a deuil, s’il y a joie et fête, même en cas de réussite, en cas d’échec, pour la fin d’un cycle, le début du même, j’arrête je ne veux plus en entendre parler, mais tout à coup, j’ai soif – le truc est là, il y reste, la porte du café est ouverte le sac en papier brun attend qu’on y glisse la petite bouteille plate le bruit du bouchon qu’on dévisse les années à garder attendre laisser infuser, des années entières dans l’ombre de la cave – j’ai soif – de l’eau oui, de l’eau
une autre histoire est venue pour ce tenir tête à si j'ai bien compris, à répéter (pourtant j'ai écouté mais ça s'est dissout) déjà racontée dans un vase communicant (mais je ne les ai pas gardés, ceux qui sont publiés chez moi oui, mais ceux publiés chez les autres non) - une cinquantaine, qui marquaient d'une certaine manière l'autobiographie
mais d'abord il y a eu (si je la finis je la publie ici) une histoire de dialogue qui débute par ce
- dis moi Président parle moi un peu de Lockeed
- Je ne peux rien te dire que tu ne saches déjà... Ce sont des affaires comme il y en a des millions, comme il s'en déroule tous les jours, des commissions, des obligations, des contrats, ce sont des choses dont on ne parle pas, tout le monde le sait mais on n'en parle pas c'est parce qu'elles doivent rester secrètes
- oui mais elles existent
- évidemment oui elles existent, tout le monde le sait, je te dis que ce sont des choses que tu sais, tous autant que vous êtes vous le savez, je ne vais pas te les dévoiler ici, ce n'est pas le lieu, ce n'est pas l'endroit, ce sont des affaires que mènent les États, quels qu'ils soient et personne n'en parle jamais
- toi qu'est-ce que tu en penses ?
- Il faut bien acheter des avions et le pays fait partie de l'organisation, et c'est comme ça que marche l'organisation, parce qu'on a recours à elle et à ses firmes, elle nous protège c'est comme ça, on négocie le nombre, on négocie le prix c'est tout à fait normal, ça ne changerait pas même si quelqu'un d'autre était au pouvoir, les gens s'entendent et se lient, se mentent dans une certaine mesure, jusqu'à un certain point mais des choses restent intangibles, tu dois le comprendre, il ne peut tout simplement pas en être autrement
etc.
Dans un des films qui retracent ces jours-là, (le documentaire de Mosco Levi Boucault "ils étaient les brigades rouges") l'un des messagers de ces Brigades, Valerio Morucci, indique que dès les premiers jours du procès (on ne met pas de guillemets à ce mot, procès, mais il faudrait) Mario Moretti, procureur tout en étant juge (ici celui qui interroge le Président) dit en sortant du réduit, ôtant sa cagoule, suant et énervé "il ne dit rien, il parle il parle mais il ne dit rien" (est-ce tenir tête je ne sais pas trop)
17 avril
Voilà deux jours qu'il se taisait - pas un seul traître mot rien - c'est à peine s'il écrivait puis les lettres vinrent en rafales,des testaments sans doute, des lettres à ses enfants, à sa femme, aux autres, aux traîtres - cette sentence d'opérette ces jours-là, cette sentence n'aurait jamais du être exécutée, jamais, et puis il devint assez vite certain qu'elle le serait - on essayait de faire en sorte que les choses se passent différemment, il aurait suffi dira-t-on ensuite,il aurait suffi qu'on libère ne serait qu'un des prisonniers, un malade même, n'importe quoi, un geste quelque chose qui fasse comprendre au reste du monde que rien n'est simple mais qu'on peut épargner en tout cas la vie de quelques uns, faire en sorte que ne coule plus le sang, noir, rouge, noir - mais non personne n'y croyait, ni chez nous ni chez eux
aurait-il fallu me mettre à genoux et prier, supplier, implorer qu’on me laisse la vie sauve ? aurais-je dû me mettre à pleurer, sangloter gémir et me lamenter renifler en pensant à mon petit Luca pour qu’on épargne ma vie ? M’avilir me traîner dans l’indignité la plus obscène ? Ce qui n’aurait rien changé sans doute – j’ai regardé le type avec sa cagoule mal foutue et ses yeux – fatigués comme les miens sans doute – il m’annonçait que le tribunal du peuple avait prononcé sa sentence : la mort comme si le tribunal pouvait exécuter quelque sentence que ce soit – on ne me délivrerait pas, on ne me délivrerait plus – je n’ai pas prononcé un mot et le type est parti – quel besoin ont-ils de me tuer ? ça ne leur servira à rien depuis deux jours je ne dis rien – on vient me voir je ne dis rien – je n’ai plus rien à dire – il ne me reste que sa sainteté, je n’ai plus d’espoir qu’en lui – j’écris des lettres, je ne sais même pas si elles arrivent à leurs destinataires – Luca, Noretta Agnese mes enfants Giovanni,Maria-Luisa, tous mes enfants – la peine de mort n’est plus une peine, on l’a abolie et c’est tant mieux, mais les hommes savent tuer : pour moi elle sera délivrance mais les enfants et toi, Noretta ? – les bombes les attentats les exécutions sommaires au coin d’une rue les tirs dans les jambes la cruauté la bassesse, ces gens-là n'ont rien contre vous Onorevole rien contre vous en temps que personne, rien, simplement vous représentez l'impérialisme des multinationales - le cœur de l'État - et à ce titre il va vous falloir payer pour ce que vous symbolisez - vous souvenez-vous du juge Coco ? Contre lui oui, il y avait un ressentiment, c'était un traître -vos amis vous trahissent, Président même si certains pleurent,ils pleurent sur votre dépouille et ne veulent pas vous sauver, vous payez pour eux aussi, c'est vrai mais vous payerez
Le soir du 6 Mai de cette année-là, Moretti téléphone à la femme de Moro, Eleonora - il n'a que peu de temps, il est dans le sous terrain en sous-sol, gare de Rome Termini, il est protégé disons caché par ses trois ou quatre amis (Barbara Balzerini, Valerio Morucci et Adriana Faranda) - pour lui dire l'urgence de la situation et la presser de trouver une solution avec les potentats de la démocratie chrétienne
j’aime bien ce que ça donne, merci Piero.
« parfois la route monte anormalement on se retient, il y a là une rampe, on s’en saisit et on l’agrippe – les escaliers dévalent la colline au faîte de laquelle la maison a disparu ce n’est pas une colline, juste une butte – des vignes en escaliers palissades espaliers, rangées et devant chacun de ces rangs un rosier – la couleur douce et la chanson qui faisait je ne pleurerai pas je ne pleurerai pas non je ne verserai pas une larme tant que tu resteras près de moi «
Merci à toi véronique
oui la route qui monte et les roses qui pleurent et puis en suivant de Murano à Sczrlrtt etc… j’avais la même impression que la fois où non habituée je n’ai pas tenu tête à la facilité de suivre les autres et leur fréquence lors d’in dîner d’atelier à l’Ecole d’architecture ce qui m’a donné un excellent moyen (le dégoût de cet état) de tenir tête pendant des années ensuite (reviens à consommation très limitée par un reste de crainte)
… pour l’autre histoire je crois que oui Mario Moretti a sa façon de tenir tête
Tu n’as peut-être rien compris à la proposition mais tu es là avec ta langue et tes mots, bonne journée Piero.