Codicille : Ce sujet captivant est inépuisable pour moi
Tenir tête –– c’est muscler sa vie –– Pour le poids de ce qui n’est pas encore découvert –– ce qui ne le sera jamais –– Tenir tête, le doit-on ? –– ou peut-on se laisser perdre ou gagner –– Tenir tête –– aux mots vidés de leur moelle aux vérités bâillonnées de cellophane –– Tenir tête –– parce qu’on voudrait qu’on use nos paupières à baisser les yeux –– Tenir tête –– au matin qui porte la peur comme un habit neuf –– Tenir tête à –– l’angoisse de mourir ou de vivre autrement –– Tenir tête –– au silence bien élevé aux regards qui glissent aux épaules qui se hissent –– Tenir tête –– pour ne pas trahir même si c’est perdre même si c’est être seul à crier contre la vitre froide du monde –– Et si tenir tête –– était un malentendu un réflexe d’animal traqué un héritage d’enfance un postulat –– résister c’est exister ? ––
Mais –– Ne pas tenir tête –– c’est désabuser les abus –– Ne pas tenir tête c’est inventer d’autres chemins –– Ne pas tenir tête –– c’est dire non autrement –– plus doucement plus lentement mais non quand-même –– Tenir tête à nos guerres –– nos morales –– Ne pas tenir tête à nos matins sans urgence –– Tenir tête pour briser les certitudes –– Ne pas tenir tête –– pour ne pas devenir une certitude de plus dans cette oscillation –– Tenir tête par nécessité –– Ne pas tenir tête quand ça n’a plus de sens –– Tenir tête et ne pas tenir tête –– deux poumons d’un même souffle –– Et si la liberté tenait dans cette hésitation –– ce pas de côté qui refuse à la fois la soumission et la pose –– vivant et debout en somme –– Alors –– Ne pas tenir tête –– se dissoudre devenir la brume qui se lève avant l’aube –– voir ce qui advient quand on ne force plus –– Il n’y a pas de règle –– refuser la posture –– une question qui change chaque matin –– être forteresse ? –– simple fissure où passe la lumière ? –– Tenir tête –– à soi-même au vertige de renoncer –– Ne pas tenir tête –– aux larmes –– ne pas se réduire à une muraille stérile –– Tenir tête –– crier pour refuser –– Ne pas tenir tête –– écouter pour accueillir –– apprendre à plier sans se briser –– Tenir tête ––pour dire non –– pour dire oui –– ou pour ne rien dire du tout –– Ne pas tenir tête –– pour entendre les vérités que portent les silences –– Tenir tête ou ne pas tenir tête –– je ne sais plus où finit la tête –– où commence le corps –– où s’arrête la peur –– où surgit la joie –– Tenir tête –– pour rester entier –– Ne pas tenir tête –– pour ne pas se briser –– Deux gestes contraires –– deux façons d’être au monde –– Deux courages qui se frôlent –– deux peurs aussi parce qu’on ne sait jamais si on lâche par sagesse ou fatigue –– par nécessité ou par orgueil ? –– Ce qui compte –– c’est de sentir encore ce battement sous la peau –– une danse sans fin –– on tombe et on se redresse on frappe et on caresse –– Tenir tête et ne pas tenir tête –– les deux yeux ouverts dans la même nuit –– un œil qui défie –– l’autre qui pleure –– Un seul visage –– Le nôtre –– debout ou couché ––
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tout cela est tellement juste et si superbement dit… merci Raymonde.
un œil qui défie –– l’autre qui pleure –– Un seul visage –– Le nôtre –– debout ou couché ––
Eh oui !
En tout cas merci
Oui, j’aime cette alternance entre le tenir et le ne pas tenir, merci Raymonde.
À Véronique Cécile et Clarence merci pour le partage sur ce sujet qui nous relie
… alternance ou humaine contradiction… ou choix possible à chaque instant.. merci pour cette succession de variables, de possibles, oui pour cette danse ! texte qui parle vrai!!
Merci Eve pour ce message, oui cette constante variable, humaine, plus qu’humaine…