# Boost # 04 | feuille de route

Là où se trouve la créature rescapée du chalut, comme à présent, à la même place, debout sur l’ilot d’un texte — tenir tête aux épouvantails dressés dans le monde , aux oiseaux de malheur qui crèvent les yeux, ne leur laisser aucune parcelle — en remplaçant le spectacle des manipulations par petits pas et rassemblements des forces vives au quotidien — tenir tête à l’envahisseur au morne visage de cire en ne cédant pas à la pression des grands fonds — tenir tête aux administrateurs de mensonges qui vendent sans état d’âme leur camelote guerrière — ici-même en écrivant tenir tête à la submersion qui guette l’îlot— à la prolifération marchande tenir tête comme labourer une terre nouvelle— sans relâche tenir tête à l’ évitement dont les pieds de glu et de boue collent à la réalité — aux empires revenants tenir tête là où l’on croyait ne plus devoir reprendre la route à cet endroit — tenir tête à tout ce qui fait qu’on pourrait baisser les bras et se réduire le cœur si jamais on cédait aux veules sirènes du pour-quoi-faire ou si on acceptait de donner prise à la peur qui victimise — tenir tête au cauchemar étau de la dernière heure et larguer le chagrin en remplaçant les larmes par des actions dignes de ce nom — tenir tête aux empêcheurs de tourner en rond qui détiennent et manipulent les filets prisons des grands fonds — ne rien céder aux détourneurs de terres et de rêves — là où encore possible de se retrouver en vivant — tenir tête aux jugements sans appel de ceux qui affirment avoir le dernier mot— tenir tête à ceux qui monopolisent — tenir tête à l’absence en déchirant l’enveloppe de la mue pour retrouver l’homme intense là où il se trouve et nous avec lui dans les vastes encres sur papier sur l’ilot relié— tenir tête au temps lui-même par le retournement par le chant — aujourd’hui résister encore


Codicille : d’abord besoin de repartir de la figure dressée dans le texte précédent, revenir sur l’îlot, le laisser former ses concrétions, ses élargissements : c’est l’espace de ce texte

A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

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