Porte 1 - Ancienne dont on a oublié l’aspect ouverte sur une pièce aux murs tapissés de fleurs fanées devant lequel se tient une femme triste un nourrisson dans les bras. Porte 2 Rouge satinée avec oeilleton central s’aider de la clé pour entrer dans une pièce inondée de lumière au sol recouvert d’un Tapiflex bleu que les enfants arpentent en suivant le chemin des tuyaux du chauffage par le sol tandis qu’au-dessus d’un buffet laqué noir une ribambelle de papillons exotiques épinglés dans une boite perdent leurs couleurs. Porte 3 Vitrée tenue ouverte par une adulte en blouse grise devant laquelle s’alignent à la queue leu leu des enfants à la tête baissée qui attendent le signal de l’adulte pour pénétrer en silence dans une pièce austère au plafond haut quadrillée de tables identiques et bordée de grandes fenêtres derrière lesquelles d’immenses peupliers se balancent faisant rêver l’enfant aux yeux verts troisième rangée deuxième rang. Porte 4 Lourde en bois massif peinte en gris à la poignée ronde en laiton que l’on tire vers soi pour entrer dans une pièce quasiment vide au sol bétonné avec en son centre une table de ping-pong fabriquée maison où les balles ont du mal à rebondir et dans un coin une pile de chaussures usagées qui s’effondre et interroge ceux qui passent : où sont partis tous ces pieds ? Porte 5 En bois vernis heurtoir doré qu’il faut pousser pour pénétrer dans une pièce obscure ça sent la soupe le vieux lino le renfermé et le temps s’étire chaque dimanche quand les enfants viennent visiter la mémé. Porte 6 Serrure à relevage entièrement vitrée qui permet d’accéder à un long couloir carrelé, bordé de chaises en plastique où l’on attend front plissé poings fermés que la porte du fond du couloir d’où proviennent des bruits de roulettes et des gémissements s’ouvre sur ces mots : A qui le tour ? Porte 7 Rouge basque, renforcée d’un montant vertical avec double verrous qui donne sur une entrée à 4 portes celle des toilettes celle du placard sous l’escalier celle de la cuisine et la double porte en bois tapissé d’une guirlande de feuilles de lierre peintes en blanc sur fond vert donnant sur un salon rempli d’enfants qui partent faire le tour du monde sur un canapé lit déplié. Porte 8 Recouverte d’un amas de gilets, écharpes en laine et manteaux et fermée par un loquet pour ne pas risquer de tomber dans l’escalier en béton qui mène à la cave où personne ne veut jamais descendre et certainement pas l’enfant qui n’a pas peur du noir mais qui a repéré derrière la porte de longues traînées laissées dans le plâtre par des griffes c’est certain mais de qui ? de quoi ? et si c’était des griffes de tigres à dents de sabre ? qui sait ? vite refermer la porte et tirer le loquet. Porte 9 Bleue à la poignée en métal torsadé souvent entrouverte derrière laquelle ça chante les mercredis matins : toc toc toc ! qui est là ? la souris ! qu’est-ce qu’elle veut ? danser ! avec qui ? avec toi !
5 commentaires à propos de “#boost #02 # | Becket, portes”
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beaucoup d’enfants derrière tes portes et beaucoup d’histoires…
un plaisir de te retrouver…
Merci pour ton passage ! Je tente de raccrocher les wagons, ce n’est pas évident tant mon énergie est mobilisée ailleurs. Ne sachant comment construire un texte avec toutes ces portes – les propositions de François me semblent toujours des montagnes infranchissables
– j’ai choisi des portes qui parlent d’enfants, histoire de bâtir comme je le pouvais un semblant de cohérence, même si bien sûr c’est artificiel, mais c’est déjà écrire.
Holala un florilège de portes et d’univers qui donnent bien envie de s’y arrêter, avant tout , des lieux de Vie, habités, qui parlent et qui chantent…
j adore , Merci …
Merci Carole pour ces mots.
Dédales de portes à ouvrir, merci pour les images.