
ST1
De la fausse terre contenue qui se tasse dans contenant, finit par former croûte dure en surface, étouffe les plantes, croûte sous laquelle se tapit le mou, le meuble, le drainant où ne circulent aucun ver, pas le moindre lombric car fausse terre, morte quasi et réservée aux citadins à main verte.
Terre dans contenant, pot d’argile ou balconnière parfois oubliés dans un coin et devenant volatile dans ses envies de retourner à la terre (la vraie) perdant ainsi son statut de contenu, terre mouchetée où suite à ravalement la poussière d’enduit s’est déposée comme neige et a fait mourir les plantes.
Terre trop lourde dans bacs surdimensionnés interdits par le règlement de copropriété et cependant fissurant les balcons jusqu’à les menacer d’écroulement cause aux citadins grevés d’illusions et nostalgiques de forêts de plus en plus lointaines au point de forer leur terre factice dans l’espoir de lilas, olivier ou mimosa sitôt plantés sitôt crevés.
Terre factice qui laisse passer l’eau plus vite qu’un tamis et s’en va s’écouler noirâtre chez les voisins du dessous et pour peu qu’ils se penchent à la fenêtre sur leur nuque et leur cou pour en faire des ennemis à vie.
Terre décidément trop lourde quand le pot, dont le poids se multiplie dans la chute avant l’explosion sur les pavés à moins que trois étages plus bas, elle tue. Un enfant, ou un chat.
ST2
Je n’ai pas de terre je n’ai pas de terre je n’ai pas de terre je n’ai pas de terre mais de l’air, je nais et pas de terre, genêt pas de terre, jeune et pas de terre, jeu neuneu et pas de terre. Donc, je n’ai pas de terre
ST3
Je n’ai pas de terre je vis en hauteur, je ne manque pas d’air, alors souffrir pour mon tout petit bout de terre promise, souffrir que soit si petit, transbahuter le lourd sac de fausse terre dans un caddy, en encombrer le balcon, si pas de balcon être embêtée au plus haut point, y puiser de quoi faire quelques plantations de fenêtres, en avoir trop et ne pas savoir qu’en faire, on ne jette pas la terre, même fausse, même tourbe, même bruyère, même écorces hachées menu, même compost, même perlites, constituants de base d’une terre morte où jamais ne se tortille le moindre turricule, casser la croûte à la fourchette, émietter le substrat, en fourrer plein les ongles, faire plantoir d’une cuiller, d’une bouteille un arrosoir, de ciseaux un sécateur, d’un saladier un seau. Attendre. Et au premier narcisse, se répandre en joie, inviter les amis pour admiration, se lancer dans le pétunia.
ST4 Substrat est le terme horticole pour faire croire que le terreau dit « enrichi » est plus fertile que la terre
Le turricule est une bonne nouvelle en forme de tortillons d’apparence terreuse, ou plus simplement caca de lombrics fort apprécié des jardiniers et inconnu des balconnières
Les perlites sont des fragments de verre volcanique chauffé à plus de 870 degrés qui ont pour but de favoriser le drainage du sol et d’améliorer l’aération
Le compost est le truc à la mode qu’on est censé cultiver dans nos cuisines
La Terre c’est le début des emmerdes quand elle est à moi, pas à toi mais c’est aussi le cri du gabier qui y voit mille délices.