St4
L’exondation est l’émergence d’une terre précédemment inondée.
St1
Le tanne est à nu. C’est une membrane. Le Tanne exsude son sel. Ce que fait le tanne sous le soleil, il salive. Il rend l’âme. Sel et pyrite. Le tanne distille. Il se précipite. 4FeS2+15O2+14H2O→4Fe(OH)3+8H2SO4. L’hématite teinte le tanne de veinures rouges et brunes. 4FeS2+15O2+14H2O→4Fe(OH)3+8H2SO4. L’acide sulfurique déshydrate le gypse. Il tache le tanne de traînées blanches. Le tanne s’épaissit de croutes acides. Le fer ferreux (Fe²⁺) libéré est transporté par l’eau interstitielle. Il s’oxyde en fer ferrique (Fe³⁺) en surface. Des traînées de rouille s’insinuent entre les racines. Le tanne s’étend.
St4
Anaérobie décrit un état de la terre où l’oxygène est quasi inexistant, un environnement typique des sols saturés de certains écosystèmes côtiers.
St2
Comme un enfant de chair ou une cocotte en fonte, la terre aussi se photographie. On la capture en l’arpentant. Puis on la regarde sur l’écran. On veut garder une trace d’elle. Et ce n’est pas la terre. Le pixel n’est pas un grain de sable. Il n’est pas un grain de poussière. Le pixel est un grain pourtant. Un grain de matière.
St4
Lanthane (La), Cérium (Ce), Praséodyme (Pr), Néodyme (Nd), Samarium (Sm), Europium (Eu), Gadolinium (Gd), Terbium (Tb), Dysprosium (Dy), Holmium (Ho), Erbium (Er), Thulium (Tm), Ytterbium (Yb), Lutétium (Lu) Scandium (Sc) et Yttrium (Y) sont les éléments qui composent les terres rares. Bien qu’en réalité peu rares, leur extraction est cependant coûteuse et nécessite des procédés polluants.
St3
Ma main t’écarte. Ma main te fouille. Ma main te maintient. Ma main t’ouvre. L’humidité remonte. L’eau mouille ma main. L’eau recouvre ma main. L’eau détruit mes pâtés de terre. L’eau remplit tes creux. L’eau se trouble. Elle devient toi. Ma main est en toi. Elle remue en toi. Elle te soulève à peine. Elle se fait vers. La marée fredonne sur toi. La marée te monte. Dessous, les doigts fouissent. Les doigts ondulent. Ils sinuent dans ta vase. Ils s’enroulent aux pneumatophores. Ils s’y ventousent. Mes doigts gélatineux t’échappent.
St4
La propagule est l’embryon végétal du palétuvier. Elle germe avant de se détacher de l’arbre, puis dérive au gré des courants marins jusqu’à trouver un lieu propice à son enracinement.
Codicille
Il ne m’a pas été facile de me rendre dans la mangrove cette semaine. Mauvais temps, contraintes familiales et professionnelles, heures des marées, flemme aussi. Compliqué également d’entrer dans le texte de Tarkos. Vu quelques vidéos de lui (le bonhomme de merde). Cela m’a aidé. Enfin, aidé à rentrer dans le texte au moins. Je retiens : « langage plat, donc enlever les effets subtilement sonores, parler, à voix basse, mais parler, marmonner ». En effet, très tentant de jouer sur allitérations/assonances. Invité à cela également par la notion de patmo que je ne comprends pas. Mais ne pas tout confondre. J’ai cédé aux effets sonores, vais devoir raturer (mais contentement du truc faussement habile, je le laisse, en sachant qu’il faudrait le raturer). Je retiens également «changer de vocabulaire ». Les termes d’exploration et d’enracinement me viennent si facilement. J’interroge. Ce n’est pas à cela qu’invite la mangrove, mais c’est à cela que m’invite le regard que je porte sur elle. Préférer à la racine, la propagule (voir rhizome, archipel, Glissant). À l’exploration, substituer quoi ? Mettre en jeu le vocabulaire spécifique à la mangrovité. Penser au texte de Dillard, puis le relire.
Hôte de passage, Apprendre à parler à une pierre, p169:
« Tout cela sort d’une vase noire qui fait penser à une serpillère pleine de boue »
« Une île de palétuviers née d’un cyclone peut apporter sa propre terre en mer(…)d’autres variétés de palétuviers produisent leur propre sol(…)à partir de rien ».
« J’hésite entre deux attitudes : considérer la planète comme ma maison – un foyer et un jardin, chers et familiers – ou comme une dure terre d’exil sur laquelle nous ne serions que des hôtes de passage. Aujourd’hui je pencherais plutôt pour la seconde interprétation. »
« Ici, nous ne sommes pas à notre place, semble-t-il, ici où l’espace est courbe, où la terre est ronde ; nous allons tous mourir ; et rester dans son lit paraît aussi sage que de sortir faire un pas. Le climat est étrange par ici, trop ou pas assez chaud ; il y a trop de forêts et trop de plantes non comestibles, trop de vent, trop de mort. Ce n’est pas franchement un foyer idéal pour ces habitants auxquels on le destinait, mais je manque d’imagination pour en inventer un autre ».
Finalement, secouer sa flemme. Entre deux averses se propaguler en face, juste devant la maison, dans le terrain vague. Y laisser ses tongs. Terre liquide. Aspiré (Chupar en portugais) jusqu’à mi-mollet. La terre est rouge, terre africaine, terre dont je suis l’étranger. Mais dans la mangrove non (sauf trainées de terre oxydée par endroit). Non, je ne suis pas étranger ? Mélange complexe de terres. Difficile à appréhender. Mangrovité ? Lire Dénétem Touam Bona, la liane, une cosmopoétique du refuge, éloge du fugitif (nègre marron). Ce qui vaut pour le marron, vaut-il pour moi aussi ? C’est l’idée, oui. Enfin, nourrir le levain, assister à sa fermentation. S’adapter à la chaleur et à l’humidité. Patmo, peut-être cela ? Pétrir une pâte. Trop sèche, trop collante. Rectifier. Fermentation longue au réfrigérateur, fermentation courte à température ambiante ? Rater, réussir son pain. Écrire, pétrir. S’amuser avec cela. Former pécrire. Simple jeu ? Pour le moment, oui.
beaucoup aimé ce texte, ces textes. pris de haut d’abord les textes scientifiques, arrêtée par le bébé et la cocotte photographiés, les pixels, les rimes des yums, la main amoureuse et l’ensemencement. enfin délice de ce codicille initiatique, enseignant. merci. le beau nom de mangrove. la réponse à ma question dans la notice biographique, Mozambique.
oh, c’est Wikipedia seulement qui me veut bien me parler du tanne:
Un tanne, tann, ou encore tan, désigne la partie interne d’un marais maritime tropical, la moins fréquemment submergée et aux sols généralement sursalés ou acidifiés, se développant aux dépens d’une mangrove. On distingue des « tannes nus » et des « tannes herbacés » en fonction de la couverture végétale.
Merci de votre lecture Véronique. Ces mots je les découvre aussi.