#boost #01 | tanne et terre

St4
L’exondation est l’émergence d’une terre précédemment inondée.

St1
Le tanne est à nu. C’est une membrane. Le Tanne exsude son sel. Ce que fait le tanne sous le soleil, il salive. Il rend l’âme. Sel et  pyrite. Le tanne distille. Il se précipite. 4FeS2​+15O2​+14H2​O→4Fe(OH)3​+8H2​SO4. L’hématite teinte le tanne de veinures rouges et brunes. 4FeS2​+15O2​+14H2​O→4Fe(OH)3​+8H2​SO4. L’acide sulfurique déshydrate le gypse. Il tache le tanne de traînées blanches. Le tanne s’épaissit de croutes acides. Le fer ferreux (Fe²⁺) libéré est transporté par l’eau interstitielle. Il s’oxyde en fer ferrique (Fe³⁺) en surface. Des traînées de rouille s’insinuent entre les racines. Le tanne s’étend.

St4
Anaérobie décrit un état de la terre où l’oxygène est quasi inexistant, un environnement typique des sols saturés de certains écosystèmes côtiers.

St2
Comme un enfant de chair ou une cocotte en fonte, la terre aussi se photographie. On la capture en l’arpentant. Puis on la regarde sur l’écran. On veut garder une trace d’elle. Et ce n’est pas la terre. Le pixel n’est pas un grain de sable. Il n’est pas un grain de poussière. Le pixel est un grain pourtant. Un grain de matière.

St4
Lanthane (La), Cérium (Ce), Praséodyme (Pr), Néodyme (Nd), Samarium (Sm), Europium (Eu), Gadolinium (Gd), Terbium (Tb), Dysprosium (Dy), Holmium (Ho), Erbium (Er), Thulium (Tm), Ytterbium (Yb), Lutétium (Lu) Scandium (Sc) et Yttrium (Y) sont les éléments qui composent les terres rares. Bien qu’en réalité peu rares, leur extraction est cependant coûteuse et nécessite des procédés polluants.

St3
Ma main t’écarte. Ma main te fouille. Ma main te maintient. Ma main t’ouvre. L’humidité remonte. L’eau mouille ma main. L’eau recouvre ma main. L’eau détruit mes pâtés de terre. L’eau remplit tes creux. L’eau se trouble. Elle devient toi. Ma main est en toi. Elle remue en toi. Elle te soulève à peine. Elle se fait vers. La marée fredonne sur toi. La marée te monte. Dessous, les doigts fouissent. Les doigts ondulent. Ils sinuent dans ta vase. Ils s’enroulent aux pneumatophores. Ils s’y ventousent. Mes doigts gélatineux t’échappent.

St4
La propagule est l’embryon végétal du palétuvier. Elle germe avant de se détacher de l’arbre, puis dérive au gré des courants marins jusqu’à trouver un lieu propice à son enracinement.

A propos de Nicolas R.

Je vis au Mozambique. Prof doc de hasard (heureux) depuis quelques années. Facteur longtemps. Écrire. Pétrir. Pécrire ? Pécrire v. tr. (3e groupe) Étym. : De pétrir et écrire, formé sur le modèle de termes évoquant l’action de malaxer une matière pour lui donner forme. L’idée sous-jacente est celle d’une écriture travaillée, façonnée comme une pâte, qui fermente et prend du corps avec le temps. Prem. ut. : Attesté au XIIIe s., dans un fragment de poème attribué à Hugon de Belloc (?-1243) où il est écrit : « Pécrire n’est de valour se ce n’est de labeur, Bien vaut un mot frainé qu’un livre à l’erreur. Qui pécrit en silence et en main ferme, Il s’en suist au texte, que sa main étermine. » 1. Façonner un texte avec un geste physique, presque tactile, comme on pétrit une pâte. Pécrire implique de travailler les mots, de les modeler pour qu’ils prennent forme. – « Comme on retourne la terre, je pécris. Lorsque le sol se réchauffe et que les racines se déploient, les mots fermentent dans le noir et remontent à la surface comme les petites bulles d'air dans un levain » (Giono, Entretiens). 2. Retravailler sans fin un texte, le malaxer et le reformuler jusqu’à ce qu’il prenne une forme définitive, solide et concentrée, comme une pâte qui fermente pour libérer ses arômes et se structurer. – « Il pécrit, malaxant chaque phrase jusqu’à ce qu’elle prenne forme, comme une pâte laissée à fermenter, tissant ses réseaux de sens et de son, se concentrant sous la pression de son propre poids, jusqu’à ce que le texte devienne lui-même un acte complet, prêt à se déployer sous ses propres lois. » (Professeur Augustin Lavergne, Pour Flaubert, Université de Poitiers, 1869). 3.Écrire de manière viscérale, mais aussi contemplative, en laissant les souvenirs et les images du monde se distiller dans le texte, jusqu’à ce qu’ils deviennent presque indiscernables de la matière même de l’écriture. – « Pour pécrire, il faut avoir vécu, respiré le monde avec chaque pore de son corps, avoir laissé chaque souvenir se mêler à la chair du texte, que ce soit la brume d’une mer lointaine ou la chaleur d’un matin d’automne. Les mots naissent, ils s’élèvent, non pas comme des pensées, mais comme des événements vivants, façonnés par tout ce qui a été vécu. » (Rilke, Levain de nuit). 4. Écrire d’une manière viscérale, en modelant les mots comme on pétrit une matière brute. – « Je pécris, je pétris, j’écris, j’écrase, j'éreinte, je l’épaissis, je le mâche, je le crache, je le reprends, je le rend, prêt à trancher la masse » (Christophe Tarkos, Le Pétrin). – « Il pécrit la phrase, la tordille et la râpouille, la triture et l'empatouille, qu'à ses cris il s'exhultaille; il l’enroule et la dépiotte, la secoue comme un vieux linge ; il la grommelle, la martèle, la braille, jusqu’à à la fendure. Puis il la gicle, la glisse, la coupe en morceaux, la mélange et la pétrit encore. Et quand enfin la phrase s'amoncelle et soupire, il la reprend, il la bouboule et la pousse dans la fournaise » (Henri Michaux, Levain fini).

3 commentaires à propos de “#boost #01 | tanne et terre”

  1. beaucoup aimé ce texte, ces textes. pris de haut d’abord les textes scientifiques, arrêtée par le bébé et la cocotte photographiés, les pixels, les rimes des yums, la main amoureuse et l’ensemencement. enfin délice de ce codicille initiatique, enseignant. merci. le beau nom de mangrove. la réponse à ma question dans la notice biographique, Mozambique.

    • oh, c’est Wikipedia seulement qui me veut bien me parler du tanne:

      Un tanne, tann, ou encore tan, désigne la partie interne d’un marais maritime tropical, la moins fréquemment submergée et aux sols généralement sursalés ou acidifiés, se développant aux dépens d’une mangrove. On distingue des « tannes nus » et des « tannes herbacés » en fonction de la couverture végétale.

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