La terre comme chair, compacte, resserrée, dense pour mieux abriter. La terre grasse dessous, dure dessus sa couche de protection qu’il faut casser, morceler, finira par se craqueler. s’imbibera de pluie au printemps, sol souillé de salissures, pourrissures hivernales devenues ferments, devenues nourriture. Terre lessivée, grande eau, qui transforme en boue, molle, glaiseuse, ses flaques brunes qu’éclaboussent milliers de gouttes jusqu’à ce que le soleil revienne et assèche laissant couche douce, juste humide, d’où percent les premières plantules de saison.
A l’œil nu qu’on ne verrait pas, filaments, extraits fongiques, débris d’insectes, décompositions végétales, aiguilles et akènes, pollens, graines et chatons, fragments d’écorce, branchages, feuilles dénervées, résidus résineux, exsudats racinaires, excréments, boulettes fécales, cadavres d’animaux, mucus et détritus microbiens, bactéries, micro-organismes tous digérés par des entités détritivores, ce que la terre recrache de déchets, la terre autophage, d’humus, son substrat, sa subsistance en partage.
Creuse. Racine creuse vers le profond, vers l’obscurité et le tiède, vers le centre et étend radicelles à l’intérieur. Se propage, occupe le terrain, s’étend, réseau veineux de sève dans le ventre de la terre, s’abreuve, s’abrite, s’étire, croît, nourrit et se nourrit, se renforce dessous pour grandir au-dessus, se délie, se déploie, mobile dans sa fixité, ne se déplacera pas, ici s’ancre pour rester.
L’humus est la couche minérale et organique du sol, la couche de vie sur laquelle tout végétal pousse.
(strate 3 est point de vue d’un vivant non humain, plante, et son ancrage dans la terre)
merci de bien vouloir m’envoyer fichier par mail ! (impossible procéder par copier coller, on est trop…)
énumération comme une langue qui vient détailler la matière
et grand plaisir à retrouver ta langue justement et toutes ces textures qui te vont bien
« d’où percent les premières plantules de saison. »… je les attends aussi…
salut Perle
Merci pour ta lecture, Françoise. Vivement le printemps !
en réponse encore à ton commentaire, ton texte aussi puise sa force de son analogie avec nos recherches, nos sources, la nature de ce qui nous lie au monde, nos aveuglement de taupes, l’étrangeté même ou nous sommes à nous même, ton texte parle de la prise de nos corps dans le langage, dans la langue-terre.
de la langue terre et de ses déchets, et de ses rejets, et de ce qu’elle tairait… de ce qu’elle s’offre silencieusement comme lieu de vie fluide lieu d’ancrage.