Tenir tête à – ring de boxe – soi – l’autre – pas de danse – coups – tomber – se relever – tendre joue gauche, taper joue droite – chanceler – se redresser – tenir tête à. – regarder, prendre dans les yeux – frapper – frapper – poing, ventre, souffle coupé – tituber – surmonter – tenir tête à. – et si mon visage se déchirait ? Si mes os se brisaient ? – tournoyer – valser – cris, sang, bleus – s’écrouler – ne pas abandonner – genoux cassés, à bout de souffle – choir – remonter – tenir tête à. – valdinguer – s’élever—chavirer, face contre terre, jambes coupées – s’élever – tomber du ciel, remonter sur terre – pleurer – se consoler – s’entraider – continuer – tenir tête à…
Tenir tête à. – tête de bétail, accomplir sans penser, hébétés – tenir tête à. – tête de bois et construire un toit sur sa tête – tenir tête à. – être en tête du monde, de l’avant et de l’après – tenir tête à. – tête de clou et finira par disparaître dans un trou – tenir tête à. – tête de cochon, rose et mignon, mangé entre deux tranchées – tenir tête à. – tête de lecture pour dévorer tous les livres existants – tenir tête à. – tête de mort, à peine né et déjà sans souffle – tenir tête à. – tête de listes rouges, noires, des perdantes, des gagnantes, comment savoir ? tenir tête à. – à sa tête, j’ai compris que j’étais invisible – tenir tête à. – tête reposée, sans pensées, sans mémoire, sans histoires – tenir tête à. – coup de tête inattendu et faire ce que l’on n’a jamais osé, bing – tenir tête à. – mal de tête à se l’écraser à terre, en bouillie – tenir tête à. – voix de tête entendue pendant que je parlais, impossible de suivre le fil – tenir tête à. – tête brûlée, incandescente jusqu’à explosion des neurones – tenir tête à. – tête chercheuse ne trouvant nulle part les réponses – tenir tête à. – tête dans les nuages, légère et ouatée – tenir tête à. – garder la tête froide face à douleur – désespoir – angoisse – tenir tête à – tenir tête à – tenir tête à – tenir tête à la vie.
Woua , on est sur le ring de la parole, bravo! comment dire la violence …
Bien , il faut lire ça !
Merci
Merci merci Carole, bon dimanche.
Magnifiques textes. Une préférence pour le deuxième, incroyable déploiement de la proposition.
Mon passage préféré : tenir tête à. – tête de clou et finira par disparaître dans un trou – tenir tête à. – tête de cochon, rose et mignon, mangé entre deux tranchées
Merci !
Merci Françoise, pas évidente cette proposition pour ne pas tomber que dans la colère, merci pour votre lecture.
très beaux textes, Clarence. est-ce parce que je sais que tu es comédienne, à chaque fois t’es textes je les entends. non, c’est parce que tu es comédienne que tu donnes à entendre des voix… la violence/danse du premier, surprenante, effrayante et grands mouvements. la sorte de réflexion du second, de la seconde partie. j’y aime le point au bout du tenir tête à qui lance la suite, en réplique. c’est très vivant, ça ose beaucoup. ça fuse. ça se laisse lire et relire. il faut le jouer !
Cela me fait très plaisir de lire ceci et parfois je me dis mais oui, pourquoi tu ne joues pas ce que tu écris ? c’est une vraie question à creuser, merci Véronique, bonne journée.
J’aime beaucoup cette approche de la proposition à l’écoute de l’expression. C’est rythmé. La page comme ring dans un corps à corps avec l’expression et tout ce qu’elle véhicule avec elle. J’aime beaucoup le final ( » tenir tête à – tenir tête à – tenir tête à – tenir tête à la vie. « ). Oui, c’est un texte énergique, d’une grande vitalité.
Tenir tête, tomber, se relever, tenir tête à nouveau, ne rien lâcher… je la vois la scène, le ring, le personnage… et puis ce rythme qui coupe le souffle, superbe !
Et dans le second texte, matière à sourire, à souffrir, à se perdre et à faire chemin. Beau.
Un faible pour le second texte, peut-être plus de profondeur. Me touche davantage en tout cas.