une image – non ce n’est pas une image – comme si la réalité du bâtiment s’était figée dans l’image qui la précède, comme si l’image était le modèle et non l’inverse ; une maquette de l’image à échelle1 , son décor grandeur nature en couleurs, quand l’image s’est gelée en noir et blanc. Se trouver face à une muraille d’enceinte aplatie posée dans un paysage, une façade, elle marque une limite ; un long bâtiment de briques et de bois à deux ailes avec un porche central – le ciel et la campagne. Porche, portique, porte, quel mot ? Un porche traversé de rails et ce belvédère fermé, en chapeau. Un bâtiment industriel. Une gare. C’est un passage, une limite au milieu de nulle part et le ciel bleu. Accord de l’air et du ciel, la température douce, trop pour la saison d’avant l’hiver, trop pour l’idée qu’on porte avec l’image, avec les récits qui la prolongent, avec la foule de mots qui manquent : chercher la boue, la neige.
Juste regarder. Décrire. C’est dans la campagne, il y a une aire cimentée avec des rails, il y a un long bâtiment de plain-pied, une façade avec un étage en sous pente, portes et fenêtres – la pente prononcée du toit, ses vasistas ; il y a un porche central surmonté d’une sorte de belvédère, des rails le traversent ; il y a autour une herbe verte, grasse ; le vent doux. De l’autre côté, en suivant les rails c’est une aire immense, et presque rien ; des baraques, des barbelés, des guérites, des rails, un chemin de cailloux, de l’herbe encore, et deviner des miniatures de fleurs, leurs têtes jaune paille . Des cartels, ici, là, fichés dans l’herbe. Mots imprimés contre l’invisible ; même des photographies. Des gens passent. Loin. Impression de vide, immense . Béance ( je n’aime pas ce mot, elle dirait, retire le ). De manque. De rien. Des gens loin qui parlent trop fort. Comme si juste le silence et le vent. Et chaque brin d’herbe offert au regard comme une impuissance à compter
7 commentaires à propos de “#boost #00 | 50°02’16.8″N 19°10’28.2″ l’image”
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Voilà, je reviens tranquillement à nos écrits et merci pour le tien, bises.
Oui …merci Clarence on va se retrouver en pages . Bon retour
Il y a un dimanche après-midi où il fait tellement beau – quelques pages de « l’écriture ou la vie » Jorge Semprun… Merci à toi Nathalie
Merci Piero.
Oulala, la puissance évocatrice de ce texte…
Merci Rebecca pour le passage
« une image — non ce n’est pas une image »
merci Nathalie de nous rappeler cette béance au cœur de notre monde