#Boost #00 | Le phare du Paon

48° 51′ 55″ N, 2° 59′ 09″ W

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La route est étroite, ça suffit pour que se croisent deux vélos ou que circule le petit tracteur qui vide les poubelles comme le gros container plaqué bois et placardé de conseils, placé quelques mètres avant, au niveau du carrefour et destiné à recevoir les bouteilles en verre. Au-delà du panneau réglementaire, bleu sur fond blanc et barré de rouge, annonçant la fin de l’île, la route n’est plus goudronnée et aucun autre panneau de début d’une autre commune ou territoire n’est visible. La route se transforme en chemin quand on quitte l’île. Le chemin continue. On est en octobre, les fougères ont roussi, les herbes sont encore vertes, elles sont plus dures à cuire, les ronces également. Il fait beau, on marche sur une poussière grisâtre et quelques petits cailloux, le tout compacté par les pas de toutes les personnes passées là, ce jour et tous les autres jours depuis le début de l’été. Pas de plantes sur le chemin, peu sur les bords, il faut regarder à plusieurs mètres du chemin pour voir une végétation plus haute et qui évolue sans tonte régulière. Un fois passée la dernière habitation, la vue se dégage. Le chemin est au milieu de l’île, on ne voit pas la mer, mais on la sent parfois, odeur d’iode, d’algues, odeur salée portée par une rafale. Rochers d’un côté, herbes rases, buissons, rien de plus haut, les très rares arbres sont couchés par les vents dominants. Ouest. Le chemin continue, toujours le même paysage même si les cailloux changent, le mélange des plantes aussi, avec plus de fougères ou davantage de ronces. En arrivant vers le phare les deux côtés de l’île se rapprochent, ont voit les cailloux de granit rose, l’eau, les coquillages et les algues qui disent que l’eau, deux fois par jour va monter jusqu’à eux, ils donnent envie d’attendre la prochaine marée haute, la prochaine marée basse pour voir si c’est bien là que l’eau va s’arrêter. Peu de vagues, ciel bleu, mer bleue, pas le même bleu. Quand on regarde au loin, bleu encore, bleu mer, bleu ciel, toujours pas le même bleu, mais bleu. Même chose pour les rochers, tous roses, mais jamais le même rose. Au pied du phare, le chemin se resserre, parapet maçonné de chaque côté, pierres et béton. Pour le mur, granit rose comme les rochers voisins, et au sol, entre les gros rochers affleurants, galets et béton, pour aplanir l’endroit, lisser ses accidents de rochers qui font face à la mer, au vent, aux vagues, aux pluies venues d’en haut. En granit rose aussi, le phare. Haut, rez-de-chaussée, un étage et la lanterne. Pas large, à peine un escalier qu’on imagine tournant, salle de garde et stockage. L’essentiel c’est le feu, qui éclaire la mer après la fin de la terre.

Codicille : 
Toujours mon attirance pour les îles. Le choix de l’endroit s’est fait presque tout seul, suite, complément et annexe au cycle LVME, histoire que l’aventure continue

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

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