Elle regarde l’enfant qui vagit, l’enfant née d’une coulée de lumière blanche, son petit bonnet blanc sur le crâne chaud et mou, son corps candide et fragile qui repose sur le tissu tendu de la chemise blanche. Elle revoit sa blancheur, le voile virginal des communiantes, ses doigts blêmes serrant le missel, ses ongles opalins, ses yeux de lait, l’ivoire sculpté de ses poignets, l’albe du front. Le chagrin transparent d’un sourire orphelin. Elle a voulu la blancheur, les draps propres, la vaisselle immaculée, la propreté ménagère, le voile de la mariée, le linge de corps, l’incolore, l’inodore. La neige et le plomb, la crème et la craie, la lune et l’argile, le manganèse et le zinc, le sapin et le saule, la chaux et le sable, le silence et le papier, la perle et l’écume, le pain et le beurre, le silence et le flocon, l’ours et la baleine, la terreur et le linceul, blanc sinistre et muet, blanc lisse et doux. Elle a voulu jusqu’à l’effacement, la respectabilité d’un destin tout blanc.
… joli camaïeu !