Quand j’entre dans la pièce d’où s’échappe une chaude lumière tamisée, je me sens tout de suite à l’aise. Après une poignée de main, elle m’invite à m’installer sur un siège face à elle, rien entre nous qu’un peu d’espace vide pour déposer nos mots. Derrière nous, contre le mur, se trouve un lit recouvert d’un plaid soyeux aux couleurs chatoyantes, rouge, jaune, orange. J’ai presque envie de m’y allonger mais c’est un peu tôt, il me faudra attendre encore quelques mois. Son doux visage sous ses cheveux frisés flamboyants me regarde avec bienveillance. Je ne saurai lui donner d’âge. Elle m’invite à parler de la raison de ma venue. Je bafouille, m’exécute, comme une toute petite fille. Les avant-bras posés sur les accoudoirs de son fauteuil, elle reste là immobile à m’écouter. Puis de sa voix calme et posée, elle interroge mes motivations, ma demande. Je n’entends que ses yeux clairs posés sur le rebord des miens, attentifs. Elle porte un pantalon de velours brun, un chandail colorée par-dessus un chemisier blanc. Elle a croisé ses jambes. Un nouveau silence s’impose entre nous deux, seules au monde, enveloppant. Elle questionne encore, répond à mes questions avant que je ne les pose, sourit à mon embarras. Finalement, elle reprend la parole, les mains posées sur ses cuisses à présent, elle pose le cadre de nos rencontres prochaines, la fréquence, la durée, le tarif, demande ce que j’en pense, si cela me convient. Encore éblouie par la profondeur de son regard, la finesse de ses gestes, le rouge de ses cheveux, je marmonne une réponse enthousiaste. Elle se lève alors et me reconduit jusqu’à la porte. Au terme de cette entrevue, je sais que ce sera elle et personne d’autre chez qui je viendrai me confier pendant près de sept années.
Tu as bien fait, tu as continué à écrire! Et pour un peu, j’aurais envie d’aller avec toi, c’est chaleureux, lumineux, je sens les couleurs et le calme, le calme que tu retrouveras dans ces lieux avant de retourner dans le tourbillon du temps