Une charrette tirée par un cheval progresse calmement sur le chemin. Elle est assise sur le banc à côté du conducteur. Un cahot languide fait rouler sa tête. Une mèche de cheveu châtain s’échappe et glisse sur son visage jeune et las. Autour d’elle virevoltent des libellules, vifs bâtonnets bleus. Au bord de la route, une femme en tablier et deux enfants frêles ramassent des groseilles. Ils se tiennent debout, une main posée sur le front en visière pour regarder passer le cortège. La fillette voudrait toucher le cheval mais reste figée, plombée par la chaleur ; des haies bourdonnantes monte une buée molle. Un moineau coupe le soleil en biais et va se poser sur une grille de fer forgée. Sur sa longue chemise de coton blanc de jeune accouchée coule une tâche de lumière. Au creux de ses genoux, un nouveau-né vagit.
Bonjour Geneviève,
Quelle étrange scène, au temps doux des groseilles, on regarde cette charrette et on est aussi dessus, j’aime bien cette œil-caméra qui donne des point de vue qui varient, passant des plans larges aux plans rapprochés,
bonne suite,
Cat
J’aime beaucoup cette scène très ciselée et le titre qui ancre le texte . Pouvoir des noms propres.
Rétroliens : Emma – Tiers Livre, les ateliers d’écriture