IL arrive quelque part
Photo by Levi Meir Clancy on Unsplash
D’autres à ce moment se réveillent, viennent de faire un mauvais rêve, ils ont entendu des sirènes, toujours les mêmes depuis des mois, des années, mais elles se sont amplifiées, des gens hagards dans les rues, il en a croisé, à toute heure. Pourquoi sortir la nuit ? pour respirer ? Curieusement, il a vu des êtres vivants seuls, ne sachant plus qui a parlé, attendre ici et là des fantômes de nouvelles. Là où il arrive, il doit faire une série de démarches, il doit se présenter pour un emploi dans cette ville inconnue…………Il se fait déposer par l’autobus dans la Zone industrielle Il s’engage dans l’artère principale .il passe devant les enseignes. Une coopérative agricole. Un magasin d’accastillage. Une usine de conditionnement de produits de la mer. Le bassin industriel lui offre un nombre, limité de possibilité, mais il a dans sa poche une seule carte de visite , « Mr Zestone Director»….Il marche dans l’artère principale, des bâtiments, des grilles – aucun numéro- il regarde la carte de visite et le logo rouge vert et bleu, en forme de triangle dans un rectangle noir. Ce sera son point de repère. Il marche les rues sont quasiment désertes, de temps en temps, un cycliste ou un camion, il marche presque une heure, il ne repère toujours pas l’enseigne. La multinationale joue sur tous les tableaux, la presse aussi, la compagnie possède un journal : ils font tout : enquêtes, rédaction des articles, imprimerie. Il se demande à quel service il sera affecté. Il fait chaud, il est parti à 6 h. Il continue de marcher. Le patron de la multinationale l’attend. Dans une salle, son bureau est ici dans la Zone Industrielle. Pas le bureau en ville. Les locaux sont à peine aménagés pour recevoir. Une table, des chaises, un ordinateur, décoration sommaire. Une seule plante verte. Des baies vitrées Il va être engagé par le boss, c’est lui qui prendra la décision. Les futurs collègues l’attendent. Ils savent. Il apparaitra, ils verront son visage. Un silence s’installera. Les collègues seront discrets Ce sera sa première entrée. Il n’est pas là pour rien. Quelqu’un sait aussi, un vieil ami, le seul a avoir été mis dans la confidence. Il regarde sa montre, il est dans les embouteillages. . Il lui envoie un message, mais il a éteint son portable. Celui qu’il remplace a disparu, on a retrouvé son corps. Car rend l’entretien difficile pour le boss. Il ne lui dira rien.
Il a été auteur, il a écrit plusieurs pièces de théâtre, il a tout abandonné, il veut en finir avec ces pièces, il reçoit de temps en temps un chèque pour ses droits d’auteurs. Il ne veut plus en entendre parler, quand une de ces pièces est encore jouée, il ne va jamais à la représentation. Oublier…Pourtant les critiques étaient bonnes, on l’a un jour comparé à Harold Pinter…Sa femme travaille ce jour-là, loin dans un hôpital en chirurgie cardiaque, ils se voient de temps en temps pour prendre un café. Elle attend maintenant un patient déposé par l’ambulance. Au moment précis où le patient arrive, il pousse la porte de TheGoodwill Operating Holding. Il range ses lunettes de soleil et demande « Mr Zestone ? »
Elle croit reconnaitre la femme couchée sur le lit ambulatoire ; elle l’a vu quelque part. Pendant la prise de la tension artérielle elle se rappelle de son prénom : Pendant la mesure de la fréquence cardiaque elle se souvient précisément, c’est une comédienne elle a joué dans une pièce de son mari. J’ai retrouvé dans ses notes toutes les informations au sujet de cette pièce : les programmes, les note de scènes…et surtout des lettres adressées à cette femme. Je les lui ai renvoyés. Le courrier m’est revenu portant la mention : « N’habite plus à l’adresse indiquée »
Rétroliens : #L6 Choses dont on se souvient – Tiers Livre, explorations écriture