Voilà, elle en ai plein de ces textes… ceux-là, les courts, sympas à assembler. Et puis les longs, à reprendre, forcément. Le long, ce n’est pas son fort. Elle élague, taille, sabre, éclaircit. Souvent, ça finit en raccourcir encore, retirer ça et là les adjectifs superflus, couper dans les leitmotiv qu’elle affectionne, elle revient sur des ponctuations maniaques, auto-critique de son goût des points de suspension, des parenthèses. Remplacer par des retours à la ligne, ? Des tirets ? Des incises habiles, des relatives savantes, des conjonctives délicates, des phrases verbales et rien d’autre ? Forcément, ça finit en court. Serait-ce que réviser = abréger ? Alors elle part. Marcher. Convaincue que, au rythme de ses pas sur la terre, « ça » écrit dans sa tête ; C’est vrai, d’ailleurs. Ça écrit dans la tête. Reste à le poser sur clavier, papier, crayon, cahier, carnet au retour. Parfois, ce sont deux lignes, juste pour ne pas oublier l’idée formidable générée par la vue d’une paisible vache brune ou d’une rare ancolie bleue. Ou plus… cela fera un texte, sans doute, qu’il faudra ensuite élaguer, tailler, sabrer, éclaircir…. atelier, chantier, remis à un peu plus tard. Là, tout de suite, il faut qu’elle coupe les chèvrefeuilles et autres ronces qui sont en train de coloniser la fenêtre de son bureau.
J’ai troqué, moi, les promesses de la marche contre un alto, un violoncelle. Je rêve nuages, grand ciel et sentiments… sous le plafond ! Fouiller les sensations, les synonymes, couvrir, recouvrir, abréger. Au creux de l’oreiller, croire qu’il fait talent, rochers noirs et coupe-vent !