Une image de chaque film vu, de chaque film oublié ou aimé, de tous les films qu’on ne revoit pas, parce qu’on ne s’en souvient pas
une image pour chaque vie ville morceau de vie retrouvé comme jeté en arrière
les grands arbres plantés là au bout du chemin des chiens qui aboient, une maison pour un chien, une semaine pour apprendre à prononcer merci
la tête, sa propre tête au travers des années, une photo par jour pour dire un jour, tiens j’ai changé
avoir une couverture sncf a demi dépliée sur le lit du dessus de la cabine minuscule du wagon femmes, avoir la paire de dc Martens en haut, bien calé au bout du lit, au bout des pieds
les après-midi pressées devant les grilles d’école primaire et surtout les regards de toutes les mères, le regard des enfants blonds que l’on trimballe rue d’Alésia, à qui on apprends pas à courir après les pigeons dans les parcs là-bas
la ligne de démarcation jaune dans la cour de lycée
des matins et des soirées au-dessus de la voie rapide qui coupe la ville en hauteur, avec la vue sur les toits
la collection des hommes et leurs prénoms
tous les chiottes de tous les trains où t’as un jour lavé ton visage au matin
une route pour aller chez lui aux amortisseurs amincis, les heures allongées nus, entre la campagne et son odeur, avec surtout les mouches
adam et sa tête chauve son sourire de géant et ses collants en hiver –
les fumées de la déchetterie en face de la petite chambre d’étudiant et l’odeur de nems les matins gris et froids, les fumées de la déchetterie depuis les quais de la seine, se dire de n’importe où que là-bas c’est ici, chez soi le petit chez soi canapé lit et la moquette orange pour assoir les amis
une année à manger des pommes de terre
l’appel à la prière sur le téléphone, la lumière dans les yeux de l’homme qui dessine sur des tables éclairées par en dessous
la grande statue du lion noir au milieu de la place, les carrefours passé à pied gelée les matins pour éviter le métro – le sac de toile vert kaki posé dans un coin de la pièce regorgeant de toutes les vestes
la peau du canard croustillante que l’on mange en trois plats avec les doigts, la petite galette de riz et l’herbe verte
les tenues portées durant ces trois années
l’image noir et blanc de son visage souriant quelque part au sud du Vietnam – sa sœur et le petit vélo qui pose à côté du gros chien devant le mur blanc- en noir et blanc encore, encore elle et lui côté à côté dans la rue, où on ne sait pas
des crabes sur une grille plantée dans le sable, un petit baraquement de bois et de hamac avec des réchauds et de la bière avec rien et personne surtout d’autre que ces mecs là
la petite plage italienne qui s’écoule en dessous à travers la porte latérale tirée réveil d’été, rêve de pouvoir dormir sans somnoler regarder juste regarder la mer , attendre juste qu’il soit l’heure pour manger
des enfants en tenue de ski et des feux d’artifices tirés du point le plus haut dans la nuit, toujours le 31 décembre par lui
un air de guitare au fond des entrepôts frigorifiques du MIN –
le champs sur la ville dorée des abeilles vrombissantes
l’eau chaude des bains publics, le repos avec juste, juste la lumière sur le mur jaune qui tourne
avoir perdu l’oui dans un concert de paumé
la course à l’envers de toutes les rues rembobinés remontées depuis que tu es né et en accéléré
un perroquet gris dans le salon de l’amie, petite fille sérieuse que l’on habille de rouge aujourd’hui – un perroquet avec un prénom d’aventurier, prénom oublié
le souvenir de son propre corps par terre, là devant le restaurant
des images d’amphithéâtre et de gens plus jamais recroisés , d’un endroit où il faut retourner tous les ans pour constater qu’on a vieilli
des immeubles où avant il n’y avait rien,
que des lignes de câbles et de chemins de fer et le nom des stations suspendus en l’air
et la petite fille dehors qui joue sur le téléphone alors que dedans les flics dans le noir des petits salons où l’on chante trop fort, flic tellement saoul qu’il en est presque beau, presque triste comme ça il n’est que treize heure tu vois,
Bonsoir Line! J’aime beaucoup!
merci pour votre lecture!
oh cette oui perdue.. oh tout ou presque en fait
merci pour la trace de votre passage et d’autant plus qu’à vous lire je prends conscience qu’il n’y a pas que l’ouïe qui s’est perdu… étrange comme nos propre fautes d’orthographe nous apparaissent soudain alors qu’en se lisant soi même on n’y voit plus rien