le couloir sombre et immense ; la poubelle de jardin verte là fichée dans l’entrée ; et les fenêtres calfeutrées de cartons ; et parfois monsieur dort au salon ; et le petit chat qui fait des pirouette ;l’ enfant qui rit sans trop savoir comment ; et les griffes sur le tapis noir et blanc ; mes enfants, c’est tout pour moi ; les pièces grandes et trop vide ; les petites filles de la chambre borgne ; rideau rouge sombre épais ; les garçons et la décoration ; l’enfant fait le café presque sans se bruler ; les mots qui font comme un ron ron ; et des papiers collés sur le frigidaire ; un programme diététique ; faire à manger pour les enfants, tout le temps, pas le temps, je n’ai pas le temps ; et l’enfant déjà grand mais toujours appelé enfant, c’est le bébé ; c’est un bébé encore ; la marmite sale et immense en étain qui traine là ; madame fait à manger ; madame se fait agresser ; madame ouvre la porte béquille et genouillère ; et son regard en travers ; le salon vide et grand ; dans le noir calfeutré ; et les portes enlevées parce qu’elles ont bien failli me tuer vous savez ; et puis avant, la cuisine de carreaux jaune ; carreaux même au mur ; pas de chambre pour les parents ; lit armoire en bois ; murs blancs ; sol blanc à carreaux ; la porte fenêtré qui donne derrière ; terrasse étroite ; cabanon de bois au fond ; la planche de terrain juste au-dessus ; les glycines et les bourdons ; la vue des toits d’en bas ; les tortues qui tombent du ciel ; et puis un jour, les chaises en plastique autour de la grande table ; des gâteaux sucrés sur un plateau et du café ; bruits de voix ; bruits de rire ; les murs des couloirs blancs ; repeints tous les trois ans ; le poste d’ordinateur à droite sur le bureau ; le bureau contre le mur ; les casiers bleus en fer ; les petites étiquettes ; le fauteuil violet ; jamais ramené au coin infirmier ; le fauteuil violet pour dormir ; dormir entre 5 et 6h vite fait ; draps dessus pour protéger le visage ; traces de tous ceux qui s’assoient ; traces imaginaires ; traces dans la tête ; la petite lumière allumée du bureau ; extérieur nuit ; quand il y a la lumière on sait que c’est toi; le frigo petit ; jamais nettoyé ; machine à café posée dessus; le sol de carreaux beige sale partout ; le canapé noir tout neuf de la salle télé ; noir en cuir avec une place pour s’allonger ; banc de béton ; coussins jamais nettoyés ; nettoyés une fois, il y a eu la gale ; boitier rouge pour tout verrouiller ; sur le bureau l’agenda noir épais des rendez-vous toujours ratés; le cahier de liaison comme un cahier d’écolier ; et puis ailleurs, loin ; le balcon de béton ; le village en sable dehors en bas ; le vent qui s’écoule, chaud ; le lit moustiquaire ; couette rose ; sac de voyage à terre ; empilements d’objets et de carton ; porte fenêtre donnant dehors ; toilette sur le toit ; terrasse d’oiseau et de fientes ; escalier incertains avec étages intermédiaires ; vitrine remplie des objets du cousin mort ; petit hamac recroquevillé avec l’enfant comme une boule au milieu qui dort ; les pales du ventilateur bercent comme un petit moteur ;
Je me suis bien baladée dans cette nuit, merci.
Merci pour votre balade dans ces différents endroits et votre retour, où le mot nuit m’a saisi et où j’ai tout relu avec ce prisme là ! merci pour ça, permettre de se relire et de voir que des mots que l’on avait pas peser sont en fait des marqueurs temporels pour le lecteur !