Maintenant voilà ton corps allongé dans une flaque, ne marche plus fils du soleil, regarde comme je m’occupe de la mer, comme je m’occupe du sel, une à une les vagues s’extirpent de l’eau ronde, viennent nourrir le bitume, giclent sans couleur comme on voit dans le noir, personne ne viendra te ramasser, le corps plissé sous le suif avec la marche silencieuse du sommeil qui boit à même ta bouche, le sommeil boit boit et tire les pores de ton visage, les pores du granit au gris immuable, s’occupe des plaies trop vives, remue la bouche et les entrailles, la pluie long solo de guitare, brasier de vagues et de détresse rentrées en toi, ailes déployées dans ton angoisse qui s’occupe de la ville. Ici tout le monde écoute le hard rock et le jazz fusion, électriser le mal, lever grand vent, plein phare de l’ennui tatoué dans l’oreille, c’est le cycle toujours bas du soleil, celui qui manque aux yeux, quand on rêve de glisser sur la neige en broussaille, la pagaille de ce qui goutte par-dessus la mer, embruns flocons cristal humide, sourire gercé aux commissures de la vie, comme on marche par temps froid dans la solitude, le pas de chance et le pas de soleil, il va le revient du ressac revenu de la neige, sa blancheur horizontale tout par-dessus bord, avec ton corps plissé nourri de moi, levé de bouche et puis de pluie, comme on se frotte à l’abri des trottoirs, de tout ton ventre, tu t’occuperas de moi, pente et blancheur à goûter doux cet exil de ma langue.
Ici tout le monde
écoute
le hard rock
et le jazz
fusion
électriser
le mal
[…] c’est le cycle
toujours bas
du soleil,
celui qui
manque
aux yeux,
quand on
rêve de
glisser sur
la neige
en broussaille,
la pagaille
de ce qui …
Merci beaucoup Marie-Thérèse, ces petits fragments comme des sons à peine articulés, peine à dire, souffles coupés, où l’air pourtant circule entre les strophes, grand vent, à moins que ce ne soit les rigoles, le bord des trottoirs, auxquels on se tient, on s’accroche, cela fait plaisir, cela fait se relever
C’est un beau texte à dire. Je le lis pour moi, et je sens les mots qui veulent être dit, c’est la force de la poésie qui pousse vers le dire.
Merci vivement Laurent, très émue !
oui simplement de le dire fait caracoler le sang, fait surgir et il revient, il afflue à la surface, simplement de dire