Escalier de 7 marches en pierres recouvertes de mousse glissante; porte en bois grise; grosse clé rouillée; sol en gravier-sable-poussière; murs épais recouverts de moisissures de champignons, odeur de renfermé; de pourri; aucune fenêtre; aucune aération; au moins 70% d’humidité; la porte en bois grise restée ouverte permet d’y voir un peu; jouets d’enfants empilés, cantines noires, grises, bleues; piles de magasines; vielle tondeuse à gazon; vélos de course empilés; au fond à droite; la 2ème salle; le frais se change en froid; obscurité totale; allumer un briquet; ciller les yeux; ouvrir en grand les narines et les oreilles; tendre les mains devant soi; progresser à tâtons; les bouteilles de vin ne sont pas loin; avancer plus profondément; précautionneusement toucher des casiers rouillés; empilés les uns sur les autres; les bouteilles sont là; du champagne; du rouge; du blanc; du 1er cru; du Grand cru.
ou
Dans le jardin au crépuscule une enfant en chaussette saute à la corde; une voix féminine hurle d’aller chercher une bouteille; la petite fille s’arrête net; immobilisée dans sa frayeur; cette fois-ci elle ne va pas y couper; c’est à elle d’y aller; à la cave; un escalier de 7 marches en pierres recouvertes de mousse glissante; porte en bois grise; grosse clé rouillée; tourner 2 fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre; la porte grince; l’air frais lui pique les joues; l’odeur de renfermé lui brûle la gorge; la pénombre lui fait ciller les yeux; ses larmes coulent; elle avance à petits pas; ses pieds s’enfoncent dans le mélange de gravier et de sable; elle regrette de ne pas avoir gardé ses chaussures; son cœur bat l’épouvante; aura-t-elle le courage d’aller jusqu’à la 2ème salle; au fond à droite; là où il n’y a plus de lumière; là où sont entreposées les bouteilles; sa peur s’emballe; elle avance à tâtons; mains tremblantes; tendues devant elle; narines et oreilles grandes ouvertes; elle respire profondément; émet quelques sons; fait un pas de plus; encore un; puis un autre; la pointe de son pied butte sur les casiers; elle palpe précautionneusement de bas en haut, prend une bouteille; se retourne; respire profondément; repart tout aussi prudemment; referme la porte; tourne la clé; remonte les 7 marches; sans glisser; la nuit est déjà dans le soleil; le portland exhale encore la chaleur de la journée; sa corde à sauter laissée en plein milieu; elle a été chercher une bouteille à la cave; toute seule.
L’atelier; sur le mur de droite des patères surchargées de blousons, manteaux, cirés, doudounes, vestes de chasse; au sol une dizaine de paires de bottes en caoutchouc: vertes, bleues, jaunes, noires, rayées et même bordeaux à talons hauts; au milieu de la pièce trois tables de cuisine; mises bout à bout; tailles et hauteurs différentes; recouvertes de toiles cirées dépareillées: l’une transparente avec imprimés dorés, l’autre unie bleue, et celle avec des imprimés feuillage-camouflage; sur le mur du fond : machine à laver; sèche linge; combiné frigidaire/congélateur(en haut); évier 2 bacs; au dessus placard à vaisselles; au dessous meuble de rangement; à gauche armoire en formica imitation bois; remplie de linges de maison; dans l’angle l’imposante chaudière à bois; rouge; royale; sur le mur de gauche des longues étagères en chêne; remplies d’un bric-à-brac plutôt mécanique : pot d’échappement, moteur, pneu, carton de câbles, carton de flexibles, casques, pile de magazines; l’énorme établi en bois est adossé au 4ème mur sous la baie vitrée; avant la porte d’entrée; un pan de mur; recouvert d’images hétéroclites; photos de famille; photo-montage du frère ainé en Musclor, affichette porno; cartes postales; lettres; dessins d’enfant; croquis scabreux; carte de France.
merci pour ce texte, cela vient aussi de me mettre sur la voix!!!
je vais aller voir votre chaine You tube, les poèmes de rues ça me parle!!!
J’ai d’abord réalisé un projet vidéo avec mes poèmes de rue
http://www.acte2scene2.fr/exercices-de-style/poeme-de-rue
et récemment j’ai créé une performance « Poèmes de rue et gestes du quotidien » (30mn) à l’issue de la perf je propose au public quelques consignes stimulantes pour écrire ensemble et sur l’instant, le poème du jour que je enregistre ensuite à l’audio en vue d’une grande installation collective.
http://www.acte2scene2.fr/spectacles/poemes-de-rue-et-gestes-du-quotidien
Je la joue un peu partout: galeries d’art, musées, foyers de théâtres, librairies, médiathèques, lycées, salles communales, si tu as des idées de lieux…