Les aura pas ses combles. Des combles perdus. Perdus pour tous, perdus pour tous plutôt que gagnés par lui. Veut faire une mezzanine. Il dit non, il en fera pas. Il dit il rehaussera le plafond. Je pense moi qu’il rabaissera le plafond. Parce qu’il rabaisse tout. Rabaisser. C’est ça. Faux airs de médecin de campagne. Des années que personne ne se préoccupe plus du trou dans le mur du bâtiment B. Et il rachèterait lui les combles du bâtiment A ? Se tient droit, l’air doucereux, l’air d’un homme de bien. Me regarde de travers. Me regarde de haut, et pourtant par en-dessous. La petite famille, et les fleurs à la fenêtre, bien entretenues. Meilleur que tout le monde. Les enfants qui sentent bons, toujours propres. Même quand ils jouent au rugby. Rentrent propres. Mes géraniums qui tirent la gueule, à plat, se fanent devant ses orchidées. Croit ça. L’orchidée quand ça claque, gratter tu peux te. Gratter. Le géranium paie pas de mine, mais fiable. Comme la fougère. L’était là, bien avant les dinosaures, l’a pas crevé la fougère quand la comète est arrivée. Les aura pas ses combles. On me délogera pas. Personne. Même pas une comète.
L’odeur était étrange dans le quartier. Je pense que ce qui m’a alertée c’est l’odeur. Je crois que cela m’a alertée. Au début, cela m’a alertée. J’ai toussé un peu. Je me disais aussi que l’air était comme saturé de quelque chose d’épais, d’un peu âcre. Oui, âcre. Je me disais une usine, ou alors des grillades. Des grillades pendant si longtemps. Des grillades en hiver. Le chat a disparu. Il n’y a pas de lien, non bien sûr. Mais j’y pense. Je fais toujours le lien entre… et la disparition du chat. On dit qu’il a dit « un génie ne se préoccupe pas de basses choses matérielles ». Les basses choses. Quand peut-on dire qu’une chose est basse ? Ou alors haute ? C’est quoi une chose haute ? Une chaise oui… une chose… trop abstrait, trop général. Mais c’était un monsieur c’est vrai. Je n’ai pas vu le va et vient. J’aimais beaucoup ce chat, quinze ans qu’il était là, doux et aimant. Il revenait le soir sur sa bicyclette, je ne le voyais pas souvent partir. C’était une bonne personne, très aimable dit-on. Il s’en passe des choses de nos jours. Le chat n’est jamais revenu.
C’est-à-dire que oui. Il est là, il me dit de rentrer. Mais je ne connais pas l’endroit. Alors. Mais… il m’a élevée. Et donc le suivre oui. Je suis. Mais je ne connais pas l’endroit alors. Il y a une grande lumière. Une fenêtre. La fenêtre, la lumière c’est l’envol. Partir, fuir, connais pas l’endroit, alors oui se précipiter vers la fenêtre. Mais m’a élevée, le suivre alors. Oui vers le grand escalier. Suivre jusqu’à la chambre et rester là un peu, contre le pied du lit et puis repartir. Il m’a ouvert la porte, oui, c’est ce qu’il fait, tous les soirs, il ouvre la porte, alors il y aura la fenêtre, oui la fenêtre c’est l’envol, partir, mais non le grand escalier, alors monter, oui la chambre et puis le pied du lit. La porte il a ouvert, alors oui suivre, fenêtre crochet, non c’est vrai escalier et puis la chambre. Il devrait ouvrit la porte. Il n’a pas ouvert la porte, il n’a pas ouvert la porte, il devrait ouvrir la porte, il n’a pas ouvert la porte, il devrait, la porte devrait être ouverte. Tard. Il devrait. La porte s’ouvre !!! J’entre, je monte l’escalier, je monte je monte vite ! vers la chambre ! mais… non ! il y avait la fenêtre, l’envol… redescendre, redescendre, le crochet vers la fenêtre, et puis là oui, remonter prendre l’escalier, tout comme d’habitude, tout comme d’habitude, à jamais, comme d’habitude.
Tout à fait passée à côté de la consigne... Voix il y a : un copropriétaire jaloux, la voisine du docteur Petiot et Martina l'oie apprivoisée de Konrad Lorenz... voix il y a, mais pas ce je qui donne à voir et entendre une tierce personne... voixilya voilou voilà...