autobiographies #10 | elle attend

Et puis parfois un sourire, lorsque du chocolat lui est conté

Un rayon de lumière ; horizon ; elle attend ; le visage tourné vers la fenêtre ; elle distingue du gris : des bâtiments ; un peu de vert : un arbre. Elle a été posée là dans son fauteuil ; après la toilette. Toilette rapide ; gant mouillé, change de protection ; une tentative de confort. Elle attend. Elle distingue les couleurs sur le mur. Des photos, des dessins, des petits mots, qui deviennent flous. Elle perd la vue. Elle ne marche plus. Elle doit appeler pour se déplacer, appeler pour uriner, appeler pour la présence. Elle est passée de l’hôpital à là. Elle ne voulait pas. Elle préférait chez elle ; pas vraiment chez elle au regard de la loi. Cinquante ans de loyers HLM. Une vie au PTT et puis la fin ; là. Elle dit qu’elle ne veut plus vivre. Elle ne maitrise plus son corps ; les tremblements; la vue qui s’absente; ses mains qui n’écrivent plus. Elle écrivait aux prisonniers ; elle était bénévole au resto ; bénévole dans une association de myopathe ; elle a appris la langue des signes. Elle savait sûrement que quelque chose n’allait pas chez elle, dans sa maison, pas vraiment chez elle. Elle s’occupait des autres ; ne pas voir ? compenser ? Elle attend. Mourir ne vient pas. Le temps long dans ces institutions à l’humanité repoussée. L’odeur, le désarroi et la tristesse qui étreint, en passant la grille ; de l’endroit ; ou elle attend, la mort qui ne se dit pas.

JHendrycks

6 commentaires à propos de “autobiographies #10 | elle attend”

  1. Merci à tout deux. Pour l’instant c’est le seul endroit ou je peux l’exposer. Pas aisé de parler des siens… Belle journée

    • Oui une sublime interprétation des deux acteurs. J’avais déjà beaucoup aimé Olivia Colman dans Broadchurch. Merci pour le retour. j’aime beaucoup les ponts vers d’autres oeuvres qui font échos.