Elle se tient assise. Elle est calée contre le tronc. Elle vacille quand il ploie sous la bise. Elle tire sur les brins d’herbe jaunis et aplatis. Elle est engoncée dans son manteau bleu ciel. Elle a les joues rouges. Elle cligne un peu des yeux dans le contre-jour. Elle sourit. Elle ne voit pas les corbeaux. Elle est de dos. Elle a chaud. Elle n’écoute plus. Elle arrache l’écorce à main nue. Elle atteint la sève. Elle s’écorche. Elle saigne. Elle ne veut plus voir. Elle ne veut plus entendre. Elle porte une corde. Elle agrippe le tronc noueux. Elle commence à escalader. Elle n’atteint pas les premières branches. Elle retombe. Elle hurle. Elle porte une urne. Elle la dépose au pied de l’arbre tordu. Elle laisse longtemps sa main sur la vieille entaille. Elle regarde les corbeaux. Elle se baisse. Elle prend l’urne. Elle en ôte le couvercle. Elle se redresse. Elle se place dos à la bise. Elle fait ce geste de verser l’urne. Elle regarde les cendres s’éparpiller. Elle ramasse une pomme de pin. Elle s’en va. Elle reste ce souvenir enraciné dans le vieil arbre aux grands bois.
La magie du « elle » opère dans ce souvenir enraciné. J’ai aimé.