Les façades penchées sur le trottoir dessinent une bande d’ombre que tu suis tout contre les immeubles, ton pas pressé, vite, profiter du bandeau ténu de protection en plein midi, au bout de la rue, un barrage, arrêt et nouvelle accélération à découvert pour grimper la côte jusqu’à la boulangerie, ressortir le pain à la main et cette fois-ci dévaler la pente, courir, reprendre la rue où les façades ne se penchent plus sur ton passage, être obligée de traverser la chaussée où cuit en plein soleil le pas ensanglanté.
Jouer sur le pavement de la salle à manger, sauter et repérer le carreau descellé, tes pieds aux socquettes blanches et aux souliers noirs à brides impriment le balancement lent puis rapide de ta danse-transe.
Grimper quatre à quatre les marches jusqu’à la terrasse, dans les recoins apercevoir les amis eux aussi essoufflés d’avoir échapper aux interdictions, parler avec eux jusqu’à plus soif, jusqu’au départ inéluctable de ce coin de pays.
Courir vers la mer, le sable comme piste d’envol vers l’eau accueillante, tu sautes, un tourbillon te prend dans ses bras vigoureux et t’entraîne vers le fond, des mains se tendent pour t’extirper mais la mer aspire et aspire encore, elle te garde au plus profond d’elle-même, tu t’abandonnes, tu coules. Une main calleuse, peaux salées, baisers piquants.