la petite fenêtre à la peinture blanche écaillée vertigineusement perchée ; les fleurs du mal ; le fil où deux pinces à linge décolorées jouent les équilibristes ; les toits en zinc à perte de vue ; le monde à vol d’oiseau ; Irma la douce ; au printemps, un bouquet de jonquilles jaunes, éclat de soleil posé au bord du gris ; le long de l’un des quatre murs, lit bleu et coussins multicolores ; l’ombre d’un nuage ; sur le même mur, au-dessus du lit, une longue étagère, le poids des livres qui s’empilent vers le plafond ; le parapluie grand ouvert qui tient à peine sur le lino entre la douche, le lit bleu et le meuble sous l’évier ; le petit bureau encombré tout contre la fenêtre de sorte que le regard peut attraper un bout de ciel ; le nokia bleu turquoise ; écoutez…des anges passent ; le carré de douche, carré dans le carré ; les conversations à bâtons rompues de la Butte aux Cailles au Trocadéro ; l’évier-lavabo ; l’odeur de l’été ; le miroir au-dessus où enfoncer le regard de quoi faire exister deux fois la petite pièce ; le chauffe-eau ; la table pliante rangée entre la douche et l’évier ; l’armoire à gauche de la porte d’entrée ; un rayon de soleil en diagonale sur le mur ; la tête dans le rectangle de ciel ; la fatigue du métro du RER déposée là sur le lit bleu ; là-bas si j’y suis ; le linoleum taché ; les dessins bruns que trace l’humidité sur le plafond pentu à fleur de ciel ; l’assiette dans l’évier ; Frank Sinatra ; la cafetière à l’italienne qui bruit ; la vaisselle qui sèche à côté de la brosse à dent ; le ronronnement du petit frigo blanc ; les boites de thé ; les après-midis allongés sur le lit dans le soleil à écouter là-bas si j’y suis à portée d’autres vies
Très beaux ces instants volés.
Merci Louise pour ce message qui fait tant de bien au moment où je tente de sortir la tête hors de l’eau pour retrouver le chemin des ateliers.