sicilia, sicilia !….patria, patriarca !…..dans le train les dossiers des banquettes de velours sombre appuyées au murs des compartiments dessinaient en leurs centres des
rectangles striés clairs de tissu élimé tirant vers le gris un blanc sale encadré par les appuie-têtes les sièges les accoudoirs plus foncés ces banquettes qui ressemblaient au mobilier d’un décor de théâtre prêt à accueillir à chaque départ arrivée les nouvelles histoires de nouveaux acteurs-passagers et ici illuminées partiellement au néon alors que les visages dichotomiques parfois tragiques se reflétaient aussi doublés de profil sur les vitres aux rideaux à moitié baissés en des sortes de messes basses sur fond de nuit profonde fugitive liquide odorante à travers l’ouverture des fenêtres d’herbes et de soufre et de mer et d’excréments d’animaux aussi retentissante par intervalles irréguliers aux arrêts du chant des grillons autrefois soi-disant porteur dans ses lubies d’enfant de la malaria ! – s’y mêlaient spontanément les images et les odeurs d’un temps_ des harengs grillés et tomates séchées au soleil – même si maintenant ce chant dans la chaleur du train devenait plutôt propice au rêve au ressassement à la paix bercée qu’elle était dans ce train on aurait dit jouet ou fête lui rappelant tantôt ces minuscules boites d’allumettes renfermant de mini-poupées tantôt les campagnes faiblement éclairées des processions nocturnes celles de san giuseppe sous forme de chevauchées traversant les villages dont la nuit aurait absorbé à la fin toutes les lumières n’auraient plus subsisté que des sons éloignés les tintements des clochettes attachées aux licous des chevaux alors peut-être seuls en route vers de lointaines contrées comme l’Egypte d’où elle était d’ailleurs partie l’ autre jour après Sednaya dévastée n’aurait subsisté que le bruit des wagons sur les rails puis plus rien comme maintenant qu’elle s’endormait avait tout laissé derrière elle qu’ elle se jetait presque paisiblement dans la mer calme enfantine rituelle de la nuit
Magnifique voyage. Merci
Un grand merci à vous Romain!…
Deuxième, troisième lecture et toujours plus de découvertes, de sons, d’odeurs, de reflets, de tendresse.
Un vrai souffle à l’image des banquettes de velours
et le texte prend soudain son rythme à sa moitié et nous porte poétiquement jusqu’au sommeil entre chant des grillons et odeurs de soufre…
Un grand merci pour votre lecture Françoise!…A bientot!