Maintenant qu’ils ont peur, ils prêtent attention à tout le non-humain, à cet autre d’eux qui survivra encore quand ils auront fini de tout ruiner. Ainsi de nous, les arbres, auxquels ils s’attachent désormais avec des liens trop tardifs pour être honnêtes. Le geste sincère d’un jeune humain qui enlace l’un de nous comme s’il trouvait enfin refuge au contact d’une mère, n’est qu’une émotion inutile, un vain réflexe pour conjurer leur angoisse. Ils nous étudient, nous géolocalisent, s’émerveillent de nos réseaux, s’inquiètent des évolutions climatiques qui nous menacent, sélectionnent ceux d’entre nous qu’ils jugent remarquables, nous replantent, nous abattent, nous abattent, nous replantent. Leur peur lucide est telle qu’à présent certains vont même jusqu’à revoir leur doxa. Qui ne crache plus sur les vieux chamans et leur arbre monde. Qui s’évertue même à nous rendre un peu plus présents dans les œuvres de l’esprit. Qui ose aussi parler à notre place, nous donner de la voix. Vous pouvez crever ! Nous n’avons rien à vous dire. Nous, nous n’avons jamais hiérarchisé les êtres vivants.
Wow quel beau coup de gueule, merci Ugo, merci…
Oui c’est vrai mais faut dire que les arbres n’y ont pas mis beaucoup du leur. Ils ne se sont jamais plaint, n’ont jamais cherché à s’échapper ! Les chamans, si.
Merci pour texte colère !
Quand la rage sied à l’arbre
mais ils hurlent parfois la nuit.. je les ai entendus, tu sais…
Bien dit !