Celui déraciné par la tempête, couché sur la route il empêche le docteur de venir assister sa naissance, scié, découpé, il devient un petit lit aux barreaux polis, doux au toucher de ses petits doigts, transformé pour la protéger, allongée elle le contemple ; celui des Landes, celui qui sent, celui qui s’appelle Pin, avant de le rencontrer elle le lit sur le panneau d’entrée de la ville où habite la grand-mère — Montendre-les-Pins —, il se multiplie le long de la route jusqu’à la demeure familiale dans le Béarn ; celui de la cour de l’internat à Bordeaux, le superbe marronnier accompagne la nostalgie de l’enfance ; celui préféré des Parisiens, le Chêne, elle le voit cultivé en pots à Montrouge, et puis dans ce petit village de la Loire les siens, ses Chênes aux racines centenaires, l’humus de sa terre, le bruit des centaines de glands aux couleurs d’automne, tombés sur l’herbe, leurs feuilles protégeant les plantes du froid de l’hiver, celui qu’elle embrasse, qui la rassure, celui au loin de l’horizon, elle ne connait pas son nom, il est celui de la solitude, celui si loin de la maison de la forêt, son père et les arbres, les bois, aller dans les bois, l’arbre est devenu bois, dans son enfance on ne va pas dans la forêt, on va dans les bois, l’arbre des bois la chauffe, il brûle dans la cheminée, l’arbre du vent de l’océan, l’arbre soutien de la cabane perchée, l’arbre du bruit des nuits à la belle étoile qui la tient éveillée, celui de l’ombre qui la repose, celui qu’elle veut sauver.