autobiographies #02 | Idrissa

Ils avaient la télévision, ce qui était rare cité des Fleurs au début des années 60. Ils habitaient un peu plus loin sur la rue Delacroix, leur maison jumelée était sur la rue. Monsieur B. était un ancien collègue de ma mère, il la faisait rire, il avait un frère plus jeune que nous avions rencontré à Madagascar. Madame B. était créole, réunionnaise. Ils avaient une fille unique, Hélène, leur trésor qui était devenue le trésor du quartier, elle était jolie. Ils aimaient s’amuser, ils nous invitaient à diner, ils avaient un emplacement au camping de Montalivet. Nous étions allés chez eux voir une émission avec Sheila ou Sylvie Vartan, je ne me souviens pas. Pas Françoise Hardy, c’est sûr. Nous étions rentrés tard.

Arzew 20 avril 1960 Catherine C vie trop courte 19 septembre 2012 Paris

17 rue Petit, petit matin froid 1985, dans le couloir humide une caméra, des projecteurs de cinéma. Vous attendiez le reste de l’équipe, des copains qui habitaient dans l’immeuble du fond de cour. Nous avons échangé quelques mots, certainement des banalités sur le cinéma, sur le temps qu’il allait faire, nos journées que nous nous sommes souhaitées bonnes. Les 8 et 9 juin 1991, la comédie française présente la tragédie du Roi Christophe de Aimé Césaire. La photo du metteur en scène dans le journal certainement Libération c’est vous l’homme du petit matin Idrissa Ouedraogo. Je ne suis pas sûr que ça change une vie mais nous avions eu, vous et moi, deux minutes communes et uniques. Quand nous nous sommes croisés, vous étiez à l’IDHEC, vous alliez vers votre carrière de metteur en scène et réalisateur. 17 rue Petit, l’immeuble insalubre a été détruit, il y a maintenant un centre social. Hasards heureux, complicités minuscules, chemins de vie.




A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.