L’ARBRE du champ entier reste roi herbes buissons talus insectes rongeurs à lui soumis L’ARBRE d’où qu’il soit regardé impose sa cartographie départs élans ruptures déviations bifurcations coagulations circonvolutions L’ARBRE tronc phare père pylône mère matrice troncs adolescents branches benjamines feuilles novices généalogie tendue vers le ciel complice L’ARBRE de sa masse immuable toise scrute avise le premier arbre de lui éloigné d’au moins cent-cinquante mètres L’ARBRE surface offerte à la caresse furtive ou l’étreinte prolongée L’ARBRE jouissance de sa rugosité tendre extase de son relief réconfortant L’ARBRE bras sinueux de grand-père attentif mains striées de grand-mère conciliante L’ARBRE riche paréidolie alphabétique Y droits ou penchés V assumés ou W frères S ondoyants R et P en boucles inachevées L’ARBRE du tapis d’orties l’encerclant en broussailles ignore les piqures lorsqu’endiablées par un vent retors les pointes vives le frôlent sans ménagement L’ARBRE poste d’observation des milans éperviers buses faucons toujours sourd aux cris stridents expulsés à intervalles réguliers par les rapaces affamés
L’ARBRE ce que nous disions à son propos le jour de notre rencontre avec lui ou plus tard à chaque retrouvaille combien il était doux de s’aimer sous lui enlacés combien les tomates qu’on découpait en petites tranches pour garnir le fromage étaient meilleures parce que nous étions là dans son ombre ample sa force torsadée son mutisme minéral son silence venteux sa pigmentation élaborée ses mousses frémissantes ses nœuds oculaires ses champignons grimpeurs ses trônes alvéolés ses mondes indicibles
L’ARBRE son ombre chinoise découpée sur le départ du soleil
L’ARBRE notre sentinelle présence
Un vrai plaisir de découvrir votre texte.
Ce mot L’ARBRE presque scandé aurait pu aussi s’écrire ARBRE, mais il n’est pas moins puissant.
Les images et mots qui l’accompagnent ce mot.
Texte que j’entends dire à voix haute,
Texte vivant quasi théâtral –
Et très joli passage ci dessous, amours, rencontres, nourritures, chacun se nourrissant et s’aimant les uns et les autres.
« L’ARBRE ce que nous disions à son propos le jour de notre rencontre avec lui ou plus tard à chaque retrouvaille combien il était doux de s’aimer sous lui enlacés combien les tomates qu’on découpait en petites tranches pour garnir le fromage étaient meilleures parce que nous étions là dans son ombre ample sa force torsadée son mutisme minéral son silence venteux sa pigmentation élaborée ses mousses frémissantes ses nœuds oculaires ses champignons grimpeurs ses trônes alvéolés ses mondes indicibles. »
Bravo, à bientôt.
Merci pour votre lecture! Oui, j’ai songé à ne mettre que ARBRE. Mais L’ARBRE me semblait plus chaud, comme si j’avais écrit LE VOISIN, LE COUSIN… ARBRE faisait un peu DIEU…. D’autant que cet arbre, j’y vais régulièrement, IL est dans ma vie.
Je vais aller voir votre site et lire vos textes aussi.
Au plaisir
Dès la première lecture, impossible de ne pas désirer le scander à voix haute,..