Rouge du présent, rouge du passé, le châle de tous les instants, celui des retrouvailles à la fraîcheur de la nuit tombée, posé sur ses épaules, allongé sur ses jambes, il voyage avec elle toujours. Transparente, quand elle marche on devine sa silhouette longiligne, la robe en lin blanc virevolte, aérienne elle va s’envoler. Dans le tiroir de velours les aiguilles sont arrêtées, trois minuscules boules d’or, il n’y a plus de bracelet pour son poignet. Elle ne le regarde pas le foulard de soie, ne le touche pas, il est là, elle le sait, elle ne le regarde pas, ne le touche pas, elle ne peut pas. Les chaussettes vertes débordent des poches de l’habit de clown en tissu rouge, sa chemise patchwork de toutes les couleurs est assortie à son nœud papillon, il est la joie de la penderie. Il lui a dit « non c’est impossible, au prix du ressemelage vous aurez une paire de chaussures neuves » elle a fortement insisté, il l’a fait, elle y tient tellement à ses boots, il l’a bien compris, il s’est appliqué, son sourire l’a récompensé, ses boots c’est la vie de ses pas, sans eux elle n’avance pas. La petite robe noire, la longue robe rouge, les collants, sur chaque boîte les dates, les lieux, les évènements, mariages, baptêmes, réveillons de noël et jour de l’an, elle garde son allure d’éternelle adolescente alors elle garde, elle remet robes, pantalons, chemisiers, elle revit les souvenirs, les images dont se sont imprégnés ses vêtements quelquefois démodés. Elle ne les jette pas, si elle ne les voit pas elle ne se souviendra pas…
…particulièrement touchée par les boots et par la conclusion « pour se souvenir » mais oui bien sûr. Merci
Merci Cécile de votre passage ici, une rencontre qui m’a conduite à l’heureuse découverte de vos textes et de votre univers. Merci.